Bamba (Anne Loyer)

Bamba (Anne Loyer)

Résumé de l’éditeur

Bamba, c’est le nom d’une chanson du 20e siècle, mais c’est surtout celui d’une adolescente du 21e, en colère contre la terre entière, à l’exception de ses deux meilleurs amis : Mozart, un jeune black surdoué des platines, et la danse, sa passion et sa raison de vivre. Sur son chemin, elle croise Noah, un hasard beau comme un astre, qui lui laisse des regrets et un cadeau bien encombrant : Kylian, 3 kilos 650 et 52 centimètres à la naissance.

Fuyant son père et sa grand-mère qui refusent de comprendre ses choix, lâchant le lycée avant le bac, elle quitte la ville pour la campagne, prête à assumer sa nouvelle vie de mère-célibataire et trouve refuge chez le vieux Paul, un veuf taiseux. Parviendra-t-elle à faire taire ses démons et à reprendre le contrôle d’une vie en roue libre ? Pourra-t-elle surmonter l’absence d’une mère, partie trop tôt, et enterrer la hache de guerre avec sa famille ? Un roman puissant sur le deuil, la solitude et l’amour.

Mon avis

Bamba est une adolescente assez classique car elle est en colère contre la terre entière, à l’exception de son meilleur ami, Mozart. Il y a quelques mois, elle a croisé sur sa route Noah, un beau jeune homme, qui lui a laissé sans le savoir un souvenir : Kylian.

Ayant perdu sa mère à 10 ans, Bamba fuit son père et sa grand-mère qui refusent de comprendre ses choix, elle quitte la ville pour la campagne et abandonne son année de terminale. Prête à assumer sa nouvelle vie de mère célibataire, elle trouve refuge chez Paul, un veuf taciturne qui l’aide à s’occuper de Kylian, même s’il râle souvent.

« Là, assise sur le parquet, même si sa mère ne pouvait pas lui prendre la main, ne pouvait pas offrir un rire dont elle avait le secret à son nouveau trésor, Bamba ressentait sa lumière. Ça l’éclairait de l’intérieur, bougie aux parfums d’enfance, et berçait celui ou celle qui naîtrait à son tour, qui se battrait pour vivre, qui aimerait la vie, qui la percuterait de son rire, comme l’avait fait sa grand-mère Alice avant lui. Héritage fabuleux d’une folie merveilleuse. »

Quand j’ai lu que cette adolescente un peu paumée dansait jusqu’à pas d’heure et rentrait au petit matin pour nourrir son enfant, qui était le fruit d’un accident, je me suis demandé pourquoi elle n’avait pas avorté. Ne pas avorter paraissait un choix facile qui avait de lourdes conséquences dans la vie de Bamba. Mais au fur et à mesure qu’on avance dans le récit, on comprend que ce choix de maternité la sauve, lui donne un objectif, un phare dans la nuit. On peut la juger, lui jeter des regards sceptiques, au bout du compte vous ne verrez plus que le courage, la force et l’indépendance de l’héroïne. Elle a tourné le dos à ses études et une jeunesse libre pour se consacrer à ce petit être qui grandit et lui donne envie de se battre tous les jours.

« Grâce à toi, tout va changer. Tu seras celui que j’attends. Bien plus fidèle que n’importe quel mec, bien plus important qu’une histoire sans suite. Tu vas me sortir de ma grisaille. Tu seras mon but, mon objectif. Pour une fois, je sais vraiment quelle direction prendre. »

J’ai bien aimé le caractère vivant de Bamba : entre les remarques acerbes de sa grand-mère, le silence lourd de son père, le manque de sa mère partie trop tôt, les cris de son fils et les ras-le-bol de Paul, on n’a pas de le temps de s’ennuyer. Et puis, il y a aussi Mozart, son meilleur ami qui reste bien malgré lui dans la « friendzone »…

Le thème des filles mères est assez actuel et très bien abordé. Bamba a souhaité garder ce bébé et elle l’assume malgré quelques petits cafouillages. Elle est très jeune, pas encore 18 ans, et a envie de sortir, de profiter tout de même de sa jeunesse. Elle n’oublie pas son fils, mais tout n’est pas rose tous les jours. Elle est émancipée et a la chance d’avoir trouvé un endroit où habiter : chez Paul, un ancien instituteur, certes taiseux, mais bien présent à sa manière pour la jeune fille. Heureusement qu’il est là, mine de rien, pour l’épauler.

L’autrice a pris le parti de nous montrer l’amour maternel sous un point de vue intéressant : loin d’écrire un roman sombre et effrayant où la maternité devient un calvaire, loin d’écrire un roman mielleux où la maternité est un rêve éveillé, Anne Loyer raconte la vérité : les hauts, les bas, la fatigue, la peur, les ratés, la joie, l’amour… Ici, il n’est pas question de juger Bamba. L’amour pour son fils est une évidence, mais il est aussi un combat de tous les jours pour se faire une place dans ce monde. Il est question de choix et de ce qu’il faut faire pour les assumer. Un chouette roman !

« Je descends l’escalier avec le truc gluant qui me morve dessus. J’ai pas la tête à la mièvrerie, encore moins aux sentiments. Je passe devant Paul sans le calculer. Il est planté en plein milieu de l’entrée, en pyjama rayé, bagnard consentant. Il me regarde avec ses yeux vitreux, moi je l’ignore. Il m’épie ? J’arrive dans la cuisine, pose le mioche dans son transat, attrape le biberon, prépare le lait, le met dans le chauffe machin. Je trouve plus mes mots, je suis claquée, mais les gestes me reviennent. Ouf. Tous les matins c’est le même cinéma, le même miracle. »

Le +

  • Le récit est bien écrit et facile à lire.
  • Les personnages sont assez touchants.

Le –

  • Au tout début du récit, on lit une scène où la danse a visiblement une place très importante dans la vie de l’héroïne, mais on n’en reparle plus après. Cela ne m’a pas paru très crédible.
  • Je n’ai pas trouvé très pertinent le changement de personne d’un chapitre à l’autre. La littérature jeunesse nous a habitués à l’alternance des points de vue, mais Anne Loyer alterne entre celui de Bamba et d’un narrateur omniscient, mais cela ne donne pas de relief aux personnages pour autant.

Le coin des profs

Le récit ne présente pas de difficulté de lecture et offre une belle porte d’entrée pour aborder le quotidien concret des filles mères.

Niveau de lecture

Débutant

Genre

Récit réaliste

Mots clés

Amitié, amour maternel, bébé, contraception, deuil, famille, filles-mères, futur, lien, précarité, responsabilités, solitude

Vous aimerez ce récit si vous avez aimé…

Cher inconnu, Berlie Doherty

Infos pratiques

  • À partir de 15 ans
  • Éditions du Rocher
  • 211p.
  • 12,90€
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