Le célèbre catalogue Walker & Dawn (Davide Morosinotto)

Le célèbre catalogue Walker & Dawn (Davide Morosinotto)

Résumé de l’éditeur

P’Tit Trois, Eddie, Min et Julie ne pourraient pas être plus différents, et en même temps plus amis. Ils partagent un catalogue de vente par correspondance, trois dollars à dépenser et un grand désir de découvrir le monde. Et quand, au lieu du revolver qu’ils ont commandé arrive une vieille montre qui ne fonctionne même pas, les quatre n’hésitent pas une seconde et partent vers Chicago pour récupérer leur revolver. Au cours de leur voyage, ils rencontreront des tricheurs professionnels, des flics véreux, des méchants qui semblent gentils et des gentils qui ne le sont pas du tout… un crime non résolu et beaucoup, beaucoup d’argent…

Mon avis

L’action se situe en 1904 en Louisiane. Lors d’une partie de pêche en plein milieu du bayou, quatre amis trouvent une vieille boîte de conserve contenant la somme de trois dollars, une petite fortune à l’époque. Les amis se concertent alors pour décider ce qu’ils vont acheter avec cet argent…

Ils se mettent d’accord pour commander quelque chose dans le célèbre catalogue des bonnes affaires de Mister Walker et Miss Dawn, qui est très connu dans tout le pays et qui vend par correspondance des milliers d’objets en tout genre. Chaque famille de Louisiane en possède un et il est souvent usé tant les familles le consultent, espérant un jour pouvoir acheter certains articles. Nos jeunes héros optent pour un revolver et attendent impatiemment leur colis.

« L’espace d’un instant, mon cœur s’est arrêté, je le jure. Parce que j’avais exactement trouvé ce que je cherchais. L’objet parfait. Et il coûtait un peu moins que les trois dollars qu’on avait à dépenser.

Le ton est donné. Quel gosse n’a pas rêvé de tomber par hasard sur une somme d’argent à dépenser à sa guise ? Et qui ne s’est pas laissé aller à feuilleter avec envie un catalogue en savourant de s’imaginer ce qu’il pourrait choisir ?

Quelques semaines plus tard, au lieu de leur commande, ils reçoivent une vieille montre des chemins de fer cassée. Très vite, ils s’aperçoivent que cette montre a une très grande valeur pour Mister Walker, le propriétaire et fondateur du catalogue et qu’il est prêt à dépenser jusqu’à 4000 dollars pour la récupérer. Il n’en faut pas plus pour nos quatre amis pour décider de quitter la Louisiane sans prévenir leur famille, pour se rendre à Chicago, le lieu où habite Mister Walker. Commence alors un long voyage à travers les États-Unis en canoë, en bateau à vapeur et en train. Leur voyage est semé d’embûches car ils attirent l’attention à cause de leur jeune âge et leurs vêtements de province. Ils seront confrontés à un meurtre, des poursuites, des arnaques et devront élucider le mystère concernant la mort de Miss Dawn.

Ce qui m’a d’entrée de jeu attirée dans l’histoire, ce sont les personnages bien caractérisés. Chacun a sa propre personnalité et donne un certain ton au récit. Il y a P’tit Trois, l’aventurier casse-cou ; Eddie, le chaman du marais ; Joju (Jolie Julie) la fille qui ne sait pas pleurer et son petit frère noir, Min (Minuscule), qui ne dit pas un mot. P’tit Trois vit dans une famille de garçons et la vie est rude chez lui, Eddie est le fils du médecin du village et est un peu poltron, Julie et Min sont frère et sœur (elle est blanche, lui est noir et totalement mutique, leur vie familiale ne doit pas être facile, d’autant plus que Joju décide de ne pas rentrer chez elle).

« Malgré tout, un vrai chef ne doit pas se mettre en avant, il doit être choisi et acclamé par son peuple. J’ai donc attendu d’être acclamé en songeant déjà à ce que je dirais avant d’accepter, non, non, je ne suis pas à la hauteur, vous êtes trop gentils, des choses dans ce goût-là, la modestie incarnée, quoi. Au lieu de ça, Eddie a prétendu que c’était à lui d’être le chef car il était un chaman qui savait parler aux alligators ; Joju, elle, pensait que cette mission lui revenait car elle était la plus dégourdie de la bande, et Min lui-même donnait l’impression d’avoir son mot à dire en agitant la montre. J’ai laissé échapper un soupir. Avec des sujets pareils, un chef aurait de quoi perdre patience. Après quoi, j’ai envoyé un coup de poing dans le ventre d’Eddie. Un coup qui a failli le faire pleurer mais qui a surtout donné lieu à une bagarre en bonne et due forme. Au bout du compte, tout le monde a compris que ce serait moi le chef, fin de la discussion. »

L’originalité de ce roman d’aventures réside également dans son décor : les États-Unis du début du 20e siècle restitués avec beaucoup de réalisme par l’auteur. Le contexte historique demeure à l’arrière-plan et ne prend à aucun moment le pas sur l’intrigue, mais cette fresque très bien documentée apporte de la profondeur au roman : du bayou de la Louisiane natale des quatre amis aux abattoirs et à la gare de Chicago, en passant par la Nouvelle Orléans, les rives du Mississipi et les grandes plaines, le lecteur est amené à découvrir ces contrées dépaysantes et l’époque de la ségrégation raciale de la fin de la révolution industrielle.

« Avant même que le bateau s’amarre, j’ai poussé un grand cri en voyant un fiacre surgir derrière les quais à toute vitesse. Sauf que ce n’était pas des chevaux qui le tiraient. C’était… une automobile. Je savais qu’il existait des engins pareils quelque part. Ces fiacres à vapeur se conduisaient comme des bateaux mais je n’aurais jamais imaginé que j’en verrais un dans ma vie. »

P’tit Trois, Eddy, Julie et Min sont des personnages hauts en couleurs à la fois drôles dans leur insouciance enfantine et attachants à travers leur amitié et leur courage face aux épreuves de la vie. J’ai tremblé à plusieurs reprises pour eux, parfois inconscients du danger qui les guettait ! L’auteur leur a donné tour à tour le rôle de narrateur, ce qui a mis en évidence les décalages entre leurs perceptions à chacun, c’était assez intéressant.

Le +

– Les illustrations en début de chaque chapitre (dessins, cartes géographiques et coupures de presse) sont très soignées et donnent un côté vintage assez attrayant à l’objet livre en lui-même.

– Faire raconter chaque grande partie de l’histoire par un enfant différent est une excellente idée, beaucoup moins attendue qu’une alternance à chaque chapitre, comme on le trouve souvent.

Le –

– J’ai vite compris en quoi la montre cassée était si intéressante pour Monsieur Walker, mais je devine souvent très vite la fin dans les romans d’aventures…

Le coin des profs

Le roman ne présente pas de difficulté de lecture et peut offrir un moment distrayant aux jeunes assoiffés d’aventures. Attention, petite mise en garde : à l’époque, il n’était pas choquant de voir les enfants fumer, boire de l’alcool ou tenir en main un revolver. Des pratiques qui peuvent choquer aujourd’hui…

Mots clés

Aventure, amitié, arnaque, histoire des États-Unis, racisme

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Infos pratiques

– À partir de 13 ans

– L’école des loisirs

– 424p.

– 18€

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