Fashion victim (Collectif Blackbone; tome 2)

Fashion victim (Collectif Blackbone; tome 2)

Résumé de l’éditeur

Alors qu’elle étudie dans une école de journalisme, Marie enquête sur les coulisses de la mode et sur les conditions de travail des ouvrières dans les usines. Elle découvre que Yamaki, célèbre mannequin et fille adoptive de Luca Snyder, un puissant homme d’affaires, s’est suicidée. L’homme est persuadé que Marie, Léo et Andréa sont responsables et veut venger la mort de son enfant.

Mon avis

Tout comme le tome 1, ce récit est constitué de plusieurs voix émanant de divers personnages évoluant dans différents lieux qui se croisent peu à peu et dont les destins s’assemblent. Ici, le thème principal abordé est la « Fast Fashion », la mode jetable à prix cassés.

Au cours de cette seconde enquête du collectif Blackbone spécialisé dans le journalisme d’investigation, le lecteur suit avec grand plaisir l’aventure des trois héros survivants du tome 1 intitulé « Coltan Song ». Marie, l’étudiante en journalisme, sa marraine italienne Andréa, et Léo, le geek surdoué, se retrouvent pour affronter leur ennemi juré, Luca Snyder, qu’ils ont ruiné et fait arrêter suite au scandale du trafic des minerais rares en Afrique utilisés dans la fabrication des téléphones portables.

Dans ce tome-ci, Marie décide de rédiger un article sur la Fast Fashion dans le cadre de ses études en journalisme et c’est durant ses recherches qu’elle apprend le suicide de Yamaki, une célèbre jeune mannequin droguée et mal dans sa peau, harcelée et blacklistée sur les réseaux sociaux et qui n’est autre que la fille adoptive de Snyder. Parce qu’il les juge responsables de sa mort, ce dernier décide de se venger en menaçant leurs proches et de les tuer tous les trois. En parallèle, à l’autre bout du monde, nous suivons Sophan, une ouvrière textile qui travaille 10 heures par jour dans la souffrance. Vous vous en doutez, un lien va se créer entre cette jeune fille et le trio d’enquêteurs…

Ce thriller engagé est un prétexte pour faire réfléchir sur les coulisses peu reluisantes de la mode et les conditions d’exploitation des ouvriers, la plupart du temps des femmes, dans les usines textiles des pays, parmi les plus pauvres de la planète (Cambodge, Vietnam, Tunisie, Éthiopie, Bulgarie…). Le texte présente une forme originale en proposant, en fin de volume, des apports scientifiques et économiques largement documentés, mêlés aux éléments fictionnels inventés et présentés sous la forme d’articles de presse retraçant des recherches journalistiques fouillées. Le lecteur y découvre notamment l’enjeu écologique fort de cette thématique sous-estimée par les jeunes souvent accros au shopping et traitée sous la forme d’un thriller. L’histoire évoque également les dangers du journalisme d’investigation.

L’intérêt du récit réside dans son caractère engagé et la dénonciation du consumérisme à outrance qui brise les travailleurs précarisés, mais j’ai bien aimé aussi le regard neuf apporté sur l’origine du caractère mauvais de Luca, qui ne justifie pas son comportement, mais l’explique.

« Luca Snyder n’a jamais su s’il était ou non né d’un viol. Quelle importance ? La seule chose qui comptait, c’était de survivre. Survivre aux brimades de ses grands-parents, qui le privaient de nourriture pendant des jours sous prétexte de l’exorciser. Survivre aux moqueries des autres enfants, aux coups des adultes du village […]. Il se rappelle que, pour faire rire l’homme encore plus fort, sa mère a ramassé une autre pierre, et l’a jetée à son tour sur l’enfant. Il a vu le projectile fendre l’air dans sa direction. Il aurait pu l’éviter. Il n’a pas bougé d’un cil. En cet instant, l’enfant métis haï de tous a pensé que pour une fois, sa mère le regardait en face. […] Dans son village, l’enfant était haï de tous à cause de sa peau claire, censée lui conférer le don de magie. Dans le pays, on détestait les métis, qu’on accusait d’avoir volé le pouvoir. La seule personne plus coupable que lui, c’était sa mère – celle qui avait couché avec un Blanc et enfanté un bâtard. Il fallait la tuer. En toute logique, c’était à lui de le faire. La machette tremblait dans ses mains. Des mouches bourdonnaient autour des cadavres des autres enfants. Bien fait pour eux, a-t-il pensé. Il était enfin vengé de leurs quolibets.

– [Un homme s’adresse à Luca] Si tu la tues, tu pourras vivre. Sinon, je vous abats tous les deux. »

Le +

  • La thématique forte abordée sans fard est très intéressante.
  • Le récit est bien rythmé avec un suspense qui tient le lecteur en haleine.
  • Le personnage du méchant est décrit avec plus de relief et rappelle la citation de Victor Hugo : « Il n’y a pas de mauvaise graine, il n’y a que des mauvais cultivateurs. »

Le –

Le récit est un peu court, la fin est traitée un peu rapidement.

Le coin des profs

La difficulté de lecture du récit réside dans sa documentation fouillée. Un lecteur novice peut facilement se perdre dans les informations. Mieux vaut accompagner cette lecture par quelques points théoriques et surtout des débats à bâtons rompus sur les thèmes abordés.

Niveau de lecture

Intermédiaire

Genre

Thriller

Mots clés

Afrique, armes, drogue, exploitation humaine, fast fashion, guerre, harcèlement, journalisme d’investigation, mode, précarité, suicide, vêtements

Vous aimerez ce récit si vous avez aimé…

Coltan song, Agence Blackbone (tome 1)

Infos pratiques

  • À partir de 15 ans
  • Nathan
  • 312p.
  • 14,95€
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