Imbécile heureux (Jean-François Sénéchal)

Imbécile heureux (Jean-François Sénéchal)

Résumé de l’éditeur

Chris a le corps d’un jeune homme, mais l’esprit d’un enfant. Le jour de ses 18 ans, sa mère l’abandonne, l’obligeant à se débrouiller seul. D’abord submergé par le désespoir, il réussit à reprendre pied et à subvenir à ses besoins en travaillant comme concierge dans l’immeuble qu’il habite. Pour atténuer sa peine et sa solitude, Chris s’adresse à sa mère absente, lui racontant son quotidien. En apparence démuni, ce personnage d’une candeur attachante se lie d’amitié avec des gens qui le soutiendront et qu’il soutiendra en retour, faisant preuve d’une force hors du commun. Cette généreuse communauté issue d’un milieu populaire deviendra pour Chris la famille qui lui a toute sa vie manqué.

Mon avis

Chris, le narrateur, est un garçon « différent », gentil, naïf et « premier degré ». On se moque beaucoup de lui et certains profitent de sa naïveté pour l’entraîner sur des chemins dangereux, par exemple lui demander de mettre à profit ses dons en bricolage et mécanique pour démarrer des voitures sans clé. Sa mère se contentait de lui interdire ces contacts, sans jamais lui donner d’explications, juste en le grondant.

Il s’est habitué à sa différence, mais hélas, sa mère n’y est jamais parvenue. Le matin de ses 18 ans, il découvre qu’elle est partie et il met un moment à réaliser qu’elle n’est pas en train de lui préparer une fête d’anniversaire surprise, mais qu’elle l’a réellement abandonné. Majeur à présent, il va devoir se débrouiller seul. Heureusement, à côté de ceux qui se moquent de lui ou le manipulent, il a autour de lui quelques personnes bienveillantes qui l’aident. Sa capacité à tout réparer va aussi lui faciliter un peu la vie. Entre ses coups de cœur et de blues, cette année de ses dix-huit ans va être très mouvementée et le pousser à grandir. Il la raconte à sa mère dans une longue lettre qu’il ne pourra jamais lui faire parvenir, mais qui lui permet d’avoir un peu l’illusion qu’elle est encore proche.

Le récit est écrit sous forme d’un long monologue en phrases courtes et simples avec quelques dialogues pour décrire le quotidien d’un jeune avec un retard mental. Après le départ brutal de sa mère, Chris a la chance d’être accompagné par Madame Sylvester, qui veille sur lui et lui confie le poste de gardien de l’immeuble dans la banlieue de Montréal. Il est tellement gentil qu’il aide tous ses amis : par exemple, il persuade son amie Jessica de rompre avec son compagnon possessif et violent et celle-ci prend alors sa vie en main pour partir à Hollywood. Il aide son ami Joe, même quand celui-ci tombe dans l’enfer du jeu et il soutient la compagne de celui-ci, Tania. Enfin, il aide Chloé à aménager son stand de tuques qui obtient de plus en plus de succès en mettant en avant les produits fabriqués par des personnes vivant avec un trouble du développement intellectuel. Vous l’aurez compris, l’histoire est faite avant tout de rencontres, ces aventures extraordinaires qui rythment le récit.

Le vocabulaire québécois peut déconcerter au premier abord mais peu à peu il permet de plonger dans un autre univers, il y a toutefois des expressions très répétitives qui m’ont un peu fatiguée. L’auteur sait exprimer les pensées du jeune homme avec authenticité face à des réalités qu’il décrit suffisamment bien pour que nous comprenions ce qu’il ne comprend pas lui-même et il vaut parfois mieux ne pas voir la méchanceté des gens…

Le récit est tendre et beau, souvent triste, parfois drôle. Une ode à la bienveillance et un beau plaidoyer pour l’insertion sociale des personnes en situation de handicap et leur pleine expression dans la société.

« Mais inquiète-toi pas pour moi, maman. Parce que même si tu reviens pas, même si tu reviens jamais, je vais être heureux quand même. Je vais continuer d’être un imbécile heureux, pis j’espère que je vais rester comme ça encore longtemps. »
 

Le +

  • J’ai bien aimé que le héros soit un handicapé et que nous plongions dans son univers à travers ses mots et son langage.
  • J’ai apprécié la bienveillance de l’entourage de Chris qui prend le relai et le soutient autant que possible.

Le –

  • Je n’arrive toujours pas à comprendre comment une mère peut abandonner son fils handicapé de la sorte. Je suis choquée, d’autant plus que personne ne l’est dans l’histoire.
  • Certains trouveront les expressions québécoises charmantes, pour ma part je les ai trouvées répétitives et un peu lassantes.

Le coin des profs

Le récit est une belle porte d’entrée pour aborder le handicap et la différence, avec toutes les limites de l’accompagnement de ce type de public.

Niveau de lecture

Intermédiaire

Genre

Récit d’initiation

Mots-clés

Abandon, amitié, autonomie, bienveillance, bonheur, différence, émancipation, famille, handicap, insertion, solidarité, soutien

Vous aimerez ce récit si vous avez aimé…

Simple, Marie-Aude Murail

Infos pratiques

  • À partir de 13 ans
  • Sarbacane
  • 247p.
  • 16€
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