Jusqu’au dernier (Finbar Hawkins)

Jusqu’au dernier (Finbar Hawkins)

Résumé de l’éditeur

Au XVIIe siècle en Angleterre, il ne fait pas bon être sorcière. Evie et sa petite sœur Dill assistent impuissantes au meurtre de leur mère par quatre chasseurs du roi. Dès lors, Evie n’a plus qu’un but : les retrouver et les tuer un à un. Durant sa poursuite implacable, Evie va aussi découvrir son pouvoir : celui d’invoquer les oiseaux qui, pendant tout son voyage, la guident et la protègent. Mais soudain, les chasseurs capturent Dill et veulent la pendre comme sorcière. Evie va devoir dompter la colère qui la ronge comme de l’acide et invoquer les oiseaux pour sauver le seul être cher qui lui reste…

Mon avis

Situé dans l’Angleterre du 17e siècle pendant les guerres civiles anglaises, « Jusqu’au dernier » nous embarque dans une histoire sombre où la vengeance est le maître mot. Autour d’une scène d’ouverture particulièrement violente, nous faisons la rencontre d’Evie, une jeune fille qui rejette tout lien avec la sorcellerie, bien que fille d’une guérisseuse. Témoin du meurtre sordide de sa mère par des chasseurs de sorcières, Evie jure de se venger de chaque homme impliqué dans cet assassinat. Ayant promis à sa mère de veiller sur sa petite sœur Dill, elle ne peut toutefois entraîner la fillette dans une vendetta et la confie au clan de sa mère avant de commencer sa traque. Tandis que sa soif de faire couler le sang grandit, les chasseurs comptent bien la trouver et lui réserver le même sort qu’à sa mère…

Dans sa volonté de vengeance, on comprend vite qu’Evie n’a aucun plan, elle a seulement sa fureur et la pierre d’oracles de sa mère pour parvenir à ses fins. Avec l’aide de personnes rencontrées sur son chemin et dont elle gagne le soutien avec une rapidité assez déroutante, Evie est seulement portée par son obsession de tuer les chasseurs, se remettant au hasard pour accomplir sa vengeance. Les événements du récit sont assez sombres et dérangeants avec des assassinats sauvages, des enlèvements d’enfants et de femmes, des accusations infondées de sorcellerie empreintes d’une profonde misogynie.

Les thématiques abordées ne peuvent laisser le lecteur indifférent et pourtant, j’ai trouvé que le roman manquait de justesse et de cohérence. On perçoit les intentions de l’autrice qui a voulu mettre en avant les liens qui unissent les femmes, ce qui fait qu’Evie trouve du renfort partout sans connaître les personnes qu’elle rencontre, laissant jouer la sororité. Mais si les ingrédients sont là, il manquait une sorte de liant à cette histoire. Ce qui déroute également, c’est que le texte ne parvient pas réellement à trouver un ancrage franc dans un genre littéraire, oscillant entre le récit historique et fantastique (les passages aux accents fantastiques sont assez laconiques et un peu confus). Le récit prend aussi parfois l’allure d’un conte, en empruntant certains schémas et facilités scénaristiques, sans que l’on ne retrouve toutefois les éléments que l’on attend généralement en retour, à savoir une voie d’apprentissage et de développement des personnages, mais aussi l’émergence d’une chute.

J’ai eu du mal à m’identifier au personnage d’Evie car elle est présentée comme une jeune femme emplie de colère envers les autres, notamment envers sa petite sœur (elle subit des mauvais traitements quand Evie la confie aux amies de sa mère et cela la laisse indifférente). Elle est égocentrique, jalouse, pleine de ressentiment, imprudente et la plupart du temps irréfléchie. Il est difficile dans ces conditions de s’attacher à son sort, quand bien même ce qu’elle a vécu est horrible, mais globalement, la toile de fond du récit reste intéressante à lire.

Le +

  • Les récits sur les injustices faites aux femmes et aux sorcières se multiplient, la libération de la parole me paraît plutôt saine et bienvenue.
  • Le récit est un petit thriller sans prétention.
  • La couverture reflète bien le contenu de l’histoire.

Le –

Le personnage d’Evie est trop sombre pour me permettre une bonne identification et l’histoire présente certaines faiblesses (l’héroïne réussit tout ce qu’elle fait sans évoluer en se laissant balloter par le hasard et les passages fantastiques ne sont pas toujours clairement décrits).

Le coin des profs

Le récit offre une bonne porte d’entrée pour aborder la condition des femmes et le point de vue sur la sorcellerie dans le passé.

Niveau de lecture

Intermédiaire

Genre

Thriller aux accents fantastiques

Mots clés

Jalousie, magie, mère, meurtre, misogynie, sœur, sorcellerie, sorcières, sororité, vengeance, violence

Vous aimerez ce récit si vous avez aimé…

L’année de grâce, Kim Liggett

Infos pratiques

  • À partir de 15 ans
  • Casterman
  • 322p.
  • 16€
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