Le dernier de la plaine (Nathalie Bernard)

Le dernier de la plaine (Nathalie Bernard)

Résumé de l’éditeur

« Notre territoire est immense. Nous sommes les Noconis ce qui, en langue comanche, signifie « les Errants ». Toujours en mouvement, nous suivons la transhumance des bisons. La terre est notre mère, le soleil est notre père. Les plaines sur lesquelles nous chevauchons ne nous appartiennent pas, mais notre territoire s’étend à perte de vue. »

Ainsi commence l’histoire de Quanah Parker, fils du grand chef Peta Nocona et d’une femme aux yeux clairs. Inspiré de faits réels, ce roman nous entraîne sur les traces de celui qui deviendra le dernier chef comanche à avoir vécu libre sur les grandes plaines américaines. Le destin d’un homme qui s’est battu, sa vie durant, pour tenter de sauver son peuple et sa culture.

Mon avis

L’histoire se déroule dans les grandes plaines américaines des années 1860-1870, à une époque tourmentée où colons et Indiens s’affrontent violemment pour l’immense territoire s’étalant des plaines canadiennes au golfe du Mexique. Grâce au talent de conteuse de Nathalie Bernard, nous voilà propulsés au cœur des événements, avec pour fil rouge la vie incroyable de Quanah Parker, fils du chef comanche Peta Nocona et de Cynthia Ann Parker, une blanche enlevée à sa famille. Nous suivons Quanah de sa naissance à la fin de son enfance, de son adolescence à l’âge adulte, dans une quête saisissante d’un espace, d’une issue, de ses origines et de son identité.

Le contexte est restitué de façon très précise : on voit sous nos yeux le paysage transformé par le développement des lignes de chemin de fer et de l’agriculture ; le quotidien des Amérindiens qui vivent, survivent, tentent de s’adapter ; la condition des femmes, dans les deux camps ; la nature façonnée par le rythme des saisons et la guerre.

L’autrice est assez habile : l’histoire est si passionnante qu’on remarque à peine tout ce que l’on apprend au passage. Elle parvient avec brio à livrer un récit de cette époque qui ne tombe ni dans le manichéisme, ni dans les stéréotypes teintés de folklore. Elle relate une dure réalité tout en portant constamment un beau message d’espoir et de tolérance (« Si les bisons n’avaient pas été exterminés, je serais resté dans les plaines. Mais je ne peux pas revenir en arrière. Alors, je regarde vers l’avenir. »).

Ce qui est vraiment intéressant dans cette histoire, c’est que Quanah Parker a réellement existé et que l’autrice s’est beaucoup documentée pour retracer fidèlement son parcours. J’ai été interpelée en découvrant les grandes lignes de cette histoire vraie, notamment le désastre humain et le massacre de quinze millions de bisons américains, essentiels dans le mode de vie des Comanches. Une mémoire douloureuse, mais importante, que Nathalie Bernard contribue à entretenir avec beaucoup de talent.

Nous avons à lire un moment charnière, c’est-à-dire la fin du mode de vie des Amérindiens, privés de leurs ressources naturelles après l’extermination des bisons, forcés de rejoindre des réserves où ils sont privés de leur liberté et où ils dépérissent. Kwana est aussi celui d’un monde nouveau, où vont devoir cohabiter les deux facettes de ses origines.

Comme dans ses précédents romans, Nathalie Bernard nous offre un récit extrêmement prenant et passionnant, qui nous transporte littéralement sur le dos d’un mustang lancé au galop, à savourer l’immensité des grandes plaines et des territoires comanches. Récit d’aventures surtout, on suit le jeune Kwana dans cette incessante bataille pour protéger les siens et cette culture à laquelle on veut leur faire renoncer. Si les éléments biographiques sont là, forcément, la construction de l’histoire, découpée selon les différents noms de Kwana et vue à travers ses propres yeux, la rend particulièrement émouvante. L’écriture sensible et sans manichéisme de Nathalie Bernard, que l’on appréciait déjà dans son récit Sauvages confirme son talent de conteuse d’histoires.

Le +

  • Quanah est un personnage magnifique, sensible et solide, d’une profonde humanité.
  • J’ai beaucoup aimé être plongée dans le quotidien des Comanches, comprendre leurs gestes, leurs préoccupations, leurs difficultés. Découvrir la façon dont ils respectent la nature et les animaux m’a beaucoup touchée.
  • Quand on est bien imprégné du mode de vie des Comanches, on est confronté au regard des colons qui voient les Amérindiens comme des sauvages et des arriérés. La violence de leur rencontre et le manque de respect des colons permet de comprendre la rébellion des Comanches.

Le –

C’est triste de savoir que cette histoire s’est réellement passée.

Le coin des profs

Le récit est assez dépaysant et est une bonne porte d’entrée pour aborder la diversité culturelle, la peur, les préjugés et l’incompréhension qui en découlent. Le devoir de mémoire est aussi intéressant dans cette histoire pour éviter que ce genre de violence ne se reproduise.

Niveau de lecture

Intermédiaire

Genre

Biographie et récit d’aventures

Mots clés

Amérindiens, Amérique, colons, conflit, industrialisation, massacre, mort, peur d’une culture différente, respect de la nature, sauvages, servitude, soumission, protection de la tribu, violence

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Danse avec les loups, Michael Blake

Infos pratiques

  • À partir de 15 ans
  • Thierry Magnier
  • 359p.
  • 14,80€
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