Le goût du baiser (Camille Emmanuelle)

Le goût du baiser (Camille Emmanuelle)

Résumé de l’éditeur

Pour ce premier roman de la collection « L’Ardeur », Camille Emmanuelle nous plonge dans le quotidien d’Aurore, lycéenne, bouleversée par un accident de vélo qui lui fait perdre le goût et l’odorat. Comment cacher ce handicap au lycée et continuer de mener une vie normale ? Comment poursuivre une vie sexuelle à peine amorcée quand on ne sent plus rien ? Les entrainements de boxe seront son échappatoire et aussi le lieu où elle rencontrera Valentin. Avec humour et justesse, Camille Emmanuelle nous entraîne dans un parcours initiatique réjouissant.

Mon avis

Aurore est une jeune héroïne sans histoire. Son quotidien est ponctué par les cours, les amis et de temps en temps les garçons. La routine suit son bonhomme de chemin jusqu’au jour où la jeune fille sur son vélo est renversée par une voiture. L’accident est bénin en apparence, mais le choc a des conséquences : la perte du goût et de l’odorat.

Aurore découvre les difficultés liées à ce handicap invisible. Elle se sent différente, anormale, a peur de faire un faux pas (et si elle transpirait et ne se rendait pas compte de son odeur corporelle au lycée ?), s’inquiète pour l’avenir si ce handicap s’avérait définitif (et si plus tard, vivant seule, elle n’était pas capable de sentir une fuite de gaz ou un début d’incendie ?) mais tente tout de même de continuer sa vie, comme si de rien n’était.

Si Aurore se crée elle-même des angoisses, sa nouvelle agueusie la met tout de même en danger lorsqu’en soirée, n’ayant plus aucun goût, elle multiplie les boissons alcoolisées, grisée par l’admiration qu’elle lit dans les yeux de ses camarades, notamment dans ceux du garçon qui lui plaît. Alors qu’il l’entraîne dans une chambre, il lui met habilement la pression pour ne pas qu’elle se défile et la manipule pour qu’elle lui fasse une fellation. Elle y consent sans y avoir vraiment réfléchi et, comme elle ne goûte rien, elle ne se rend pas compte qu’elle « avale ». Évidemment, le jeune homme n’en reste pas là : il diffuse largement l’information au lycée dès le lendemain, ce qui vaut à Aurore une toute nouvelle réputation dont elle se serait bien passée.

C’est par hasard qu’elle tombe sur un club de boxe et par curiosité qu’elle y entre pour la première fois. Sur le ring, elle découvre la sensation grisante de maîtriser son corps et d’être plus forte qu’il n’y paraît. Elle comprend que l’important n’est pas d’avoir un corps parfait vanté dans les magazines mais des muscles qui fonctionnent et la force de les utiliser. Aurore change son regard sur elle-même et sur son enveloppe. Par ailleurs, les paroles pleines de bon sens de son amie Bintou, déjà très renseignée sur des questions féministes et sexuelles, l’aident à évoluer, mais aussi sa rencontre à la salle de boxe avec Valentin, qui lui apporte attention, soutien et respect.

Dans cette histoire, on peut regretter quelques raccourcis narratifs : la rencontre un peu facile entre Aurore et Valentin, la meilleure amie très très renseignée malgré son jeune âge et l’évolution assez rapide de l’adolescente sur des thématiques féministes, entre autres. En revanche, là où cette nouvelle collection « L’Ardeur » de la maison d’édition Thierry Magnier tient ses promesses, c’est dans le traitement de la sexualité et des scènes de sexe. C’est crû, soyez prévenus, mais ce n’est jamais vulgaire et toujours réaliste. L’ambition de la collection est de défendre et percer une littérature érotique, sensorielle à destination des adolescents, une nécessité trop souvent oubliée, indispensable pour les jeunes dont le corps se métamorphose de manière fulgurante.

« LIRE, OSER, FANTASMER, trois mots qui résument l’ambition de la collection L’Ardeur. Depuis ses débuts, notre maison est fière de défendre une littérature courageuse qui s’intéresse à l’adolescence telle qu’elle est, avec ses zones d’ombres, ses excès, ses émotions exacerbées. Mais l’adolescence est aussi une période où le corps se métamorphose, où la vie sexuelle commence. Quoi de plus logique, alors, que d’ouvrir notre catalogue à des textes qui parlent de sexualité, de désir, de fantasme. L’Ardeur se pose résolument du côté du plaisir et de l’exploration libre et multiple que nous offrent nos corps. »

Le +

Ce roman évoque la sexualité avec authenticité et sans tabou à travers les 5 sens. C’est rare !

Le –

  • Comme je l’ai déjà dit, il y a quelques clichés, notamment la rencontre entre Aurore et Valentin, qui est un peu facile, mais aussi la résilience fulgurante d’Aurore.
  • Je n’ai jamais autant lu le mot « chatte » et l’expression « le cuni, c’est la vie ! ». En soi, ce n’est pas dérangeant, mais c’était un peu répétitif…

Le coin des profs

Le roman n’est pas à mettre en toutes les mains car je vois déjà arriver en masse les parents prudes scandalisés par le contenu du récit. Il n’y a rien de choquant pour moi, mais un roman érotique pour adolescents dérange parfois plus les adultes. En ce qui concerne les profs, ils doivent être prêts à assumer des réflexions et questions concrètes et bien crûes.

Niveau de lecture

Intermédiaire

Genre

Récit érotique

Mots clés

Culture du viol, handicap, harcèlement, homophobie, homosexualité, racisme, résilience, sexualité, société phallocentrée, troubles du comportement alimentaire, vie affective

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Nous les filles de nulle part, Amy Reed

Infos pratiques

  • À partir de 15 ans
  • Thierry Magnier
  • 221p.
  • 14,90€
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