Sous un ciel d’or (Laura Wood)

Sous un ciel d’or (Laura Wood)

Résumé de l’éditeur

1929. Lou, dix-sept ans, vit dans une ferme des Cornouailles. Elle est fascinée par la magnifique demeure des Cardew, vide depuis des années. Écrivaine en herbe, elle y passe des après-midis seule, en cachette, à lire et à se rêver membre de la prestigieuse famille qu’elle épie dans les revues mondaines.

Quand, à la faveur de l’été, les propriétaires investissent les lieux, Lou est soudain transportée dans le monde luxueux et pétillant de l’aristocratie anglaise. Au centre, un frère et une sœur époustouflants, dont elle devient de plus en plus proche. Tandis qu’un amour inattendu s’éveille en elle, Lou découvre que le champagne, le jazz et le charleston cachent de sombres secrets.

Mon avis

Lou est une jeune adolescente de dix-sept ans vivant à la campagne au fin fond des Cornouailles. L’été débute par un évènement qui va radicalement changer sa vie puisque sa sœur aînée Alice va se marier. Lou est profondément attachée à sa sœur, ayant toujours tout partagé avec elle. Même si ce mariage ne remet en rien leur lien en cause, Lou sait très bien que dorénavant, l’intimité du couple va nécessairement amener une distance entre elles. Ayant toujours vécu dans le sillage d’Alice, il va falloir qu’elle apprenne à vivre par elle-même. Elle devrait être la suivante à se marier, mais elle ne s’imagine pas du tout un tel avenir.

Pour échapper à ses interrogations sur son futur, Lou a trouvé refuge dans la bibliothèque d’une demeure abandonnée par des propriétaires aristocrates depuis le décès du patriarche. Mais les héritiers, Robert et Caitlin Cardew (un frère et une sœur d’une vingtaine d’années), décident de faire de cette maison oubliée leur lieu de villégiature cet été, faisant renaitre les lieux le temps de quelques semaines. Fascinée par le lieu et l’insouciance des jeunes aristocrates de passage, Lou ne tarde pas à se lier avec le frère et la sœur Cardew et à découvrir les fastes de cette jeunesse dorée, un univers fascinant fait de nuits blanches plongées dans le champagne et les paillettes. Est-il possible pour Lou de se fondre dans ce monde à mille lieues du sien tout en restant fidèle à elle-même ? Pourquoi les Cardew s’intéressent-ils tant à elle ? Quels secrets dissimulent-ils sous leur éclatant vernis ?

Le contraste est saisissant entre le quotidien grisant de la haute société anglaise et celui de la famille de Lou qui cultive une joie de vivre un peu turbulente, mais dans la simplicité. J’ai trouvé que Laura Wood parvenait bien à éviter de tomber dans une opposition trop manichéenne : si le diktat du paraître, les relations superficielles et l’exposition dans les revues mondaines pèsent sur les Cardew, on comprend que l’intensité de leur existence puisse donner le vertige. S’il n’est pas évident pour Lou de trouver sa place dans sa famille nombreuse, tous ses membres sont très attachants et bienveillants, avec un côté un peu artiste. D’un côté comme de l’autre, la jeune fille semble dans l’ombre des autres, mais à la lisière entre ces deux mondes, elle se découvre des ressources, des envies et même des passions, elle apprend à mieux se connaître.

Avec son ambiance année 20, le roman charme tout en nous dressant le portrait de protagonistes à double facette : d’un côté, nous avons un frère froid et constamment sur ses gardes, d’un autre, nous avons une sœur extravertie et dépensière qui cherche surtout à s’amuser lors de fêtes. Mais derrière les paillettes et le champagne ils cachent un lourd secret…

Il est difficile d’éviter le rapprochement avec le roman Gatsby le magnifique, où l’on retrouve les fêtes interminables de l’époque et les richissimes invités aussi ennuyeux qu’interchangeables. L’ennui pointe vite le bout de son nez devant la répétition des situations (fêtes, fausses querelles avec Robert, exubérances de Caitlin, passages express dans la famille de Lou…).

Sous un ciel d’or est le récit d’une tranche de vie, la photographie d’une époque. C’est à travers le regard fasciné mais observateur et perspicace de Lou que nous découvrons cette jeunesse riche et insouciante, le faste et la folie de l’entre-deux-guerres, le monde de l’argent, du luxe, du jazz et de l’alcool. L’ambiance de l’époque est très bien rendue et l’on n’a aucune peine à s’imaginer les après-midis sur la plage, les soirées dans le parc de la demeure au son des musiques de jazz.

« Mais les festivités sont soudain interrompues par un grondement, un vrombissement de plus en plus sonore. Je me retourne et découvre un convoi de quatre belles automobiles qui foncent vers nous en rugissant. Les musiciens cessent de jouer et tout le monde se fige pour observer, bouche bée, les voitures qui filent sur la route. Du toit décapoté de chacun des véhicules surgissent des hommes et des femmes vêtus de tenues de soirée somptueuses. Ils applaudissent, crient et nous saluent sur leur passage. Au moment où la dernière voiture nous dépasse, une fille brandit d’une main une bouteille de champagne ouverte. Elle est éblouissante, avec sa robe à franges argentée et sa coupe à la garçonne sculpturale encadrée par un serre-tête orné de pierres précieuses. Nos regards se croisent et elle m’adresse un sourire canaille de sa bouche écarlate. »

J’ai bien aimé le regard critique de Lou sur cette jeunesse riche qui a perdu ses illusions et qui, à force de tout avoir, ne sait plus profiter de rien. Les attentes de la société pèsent malgré tout sur les jeunes, quelle que soit leur classe, et la clé est de trouver le bonheur dans le faste, mais aussi dans la simplicité.

Le +

  • La période de l’insouciance de l’entre-deux-guerres crée une atmosphère très agréable dans le récit.
  • L’attitude observatrice de Lou, qui ne se laisse pas berner par les faux-semblants de ses nouveaux amis et qui garde au fond d’elle les valeurs transmises par sa famille, m’ont paru très intéressants.

Le –

  • J’ai trouvé que ce roman manquait un peu de tension dramatique, avec une partie un peu longue consacrée à l’exploration du monde scintillant des fêtes organisées par les Cardew.
  • Certains ressorts de l’intrigue, par exemple l’exaspération incompréhensible de Lou vis-à-vis de Robert, m’ont alors semblé un peu forcés.

Le coin des profs

Le roman est une belle porte d’entrée pour aborder la période d’entre-deux-guerres et la différence des classes, avec le miroir aux alouettes qui se cache derrière les plus nantis.

Niveau de lecture

Intermédiaire

Genre

Récit réaliste

Mots clés

Amitié, amour, Charleston, ennui, entre-deux-guerres, famille, fêtes, jazz, mariage, richesse, secret, simplicité

Vous aimerez ce récit si vous avez aimé…

Gatsby le magnifique, Francis Scott Fitzgerald

Infos pratiques

  • À partir de 13 ans
  • Pocket jeunesse
  • 379p.
  • 18,50€
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