Je suis ton soleil (Marie Pavlenko)

Je suis ton soleil (Marie Pavlenko)

Résumé de l’éditeur

Déborah démarre son année de terminale sans une paire de chaussures, rapport à Isidore le chien-clochard qui s’acharne à les dévorer. Mais ce n’est pas le pire, non.

Le pire, est-ce sa mère qui se met à découper frénétiquement des magazines ou son père au bras d’une inconnue aux longs cheveux bouclés ?

Le bac est en ligne de mire, et il va falloir de l’aide, des amis, du courage et beaucoup d’humour à Déborah pour percer les nuages, comme un soleil.

 

Mon avis

Ce roman raconte une histoire somme toute assez banale, mais j’ai trouvé que c’était un petit bijou ! Je vous explique…

Déborah est une jeune fille qui entre en terminale, une année décisive qui va être jalonnée d’imprévus et de bouleversements. Entre sa famille qui implose, sa meilleure amie Éloïse qui s’éloigne, ses nouvelles rencontres avec Jamal et Victor et ses études, c’est une bataille pour garder la tête hors de l’eau. Et pourtant, Déborah est un soleil et elle l’est tout au long de l’histoire, même dans les moments où elle a le moral dans les chaussettes. Qu’est-ce qui fait qu’elle rayonne comme ça si elle est ordinaire, me demanderez-vous ? Eh bien, son humour n’y est pas pour rien. Il faut dire que Déborah a la poisse. S’il y a une peau de banane à terre, c’est elle qui va glisser dessus. C’est sa vision des choses qui fait qu’elle est drôle et désopilante : elle ne se prend pas au sérieux, adopte parfois (souvent) un ton ironico-sarcastique qui fait sourire et dédramatise les situations les plus gênantes (« Quand bébé Charlotte bave ses épinard, la tablée entière s’extasie en poussant des cris de pucelle en feu. À chaque repas. Vivement. » ; « Mamie Zazou ressemble à une patate oubliée dans le fond d’un panier »). C’est aussi un personnage au caractère bien trempé qui ne se laisse pas faire.

« Je vous laisse imaginer le réveillon. Les silences gênés, les yeux rougis de ma mère qui ne fait aucun effort, les oeillades inquiètes de mamie Zazou, mon père qui demande le sel d’une voix de cadavre. Et cette peste de Charlotte qui balance ses épinards sur Isidore [le chien]. Je me lève, l’assiette à la main, contourne la table, et flanque une taloche sur sa joue rebondie de bébé tout-puissant. Mon oncle, [père de la petite], m’interpelle comme s’il était la statue du commandeur dans ‘Don Giovanni’. Genre, il m’effraie. Je me baisse, offre mon foie gras à Isidore, me redresse, exhibe un majeur bien dégagé, un majeur qui ne laisse aucun doute quant à mon message, et je monte me coucher. »

Déborah est une ado comme les autres avec ses angoisses, ses colères, ses peurs, ses espoirs (« Jamal n’est nulle part et ne répond pas aux messages. Je crois que Victor m’évite. J’ai trop peur de savoir pourquoi (moche + naze + dramatiquement quelconque + tragiquement dramatique = moi. »). Sa famille ne lui facilite pas la vie et elle apprend à grandir vite. Basculer dans le monde des adultes ne se fait pas sans douleur, mais elle a la chance de pouvoir compter sur l’amitié inattendue de Jamal et Victor. Ils forment un beau trio de complicité, malgré leurs différences.

À cela, vous ajoutez Isidore, un labrador récupéré par la mère de Déborah, mais comme elle ne s’en occupe presque pas, c’est Déborah qui se voit contrainte de s’occuper de cette boule de poils très laide, très puante, qui perd ses poils et qui bave. Mais là encore, il se tisse une histoire. Ce gros chien puant et collant est attaché à notre ado et ne se prive pas de lui faire des léchouilles à n’importe quelle occasion.

« Je suis trente centimètres plus bas, le derrière coincé dans les lattes brisées de mon sommier. Isidore est assis sur moi avec un objectif : pratiquer un gommage du visage à l’aide de sa langue au parfum de boulette de viande digérée. Je ne peux même pas me débattre : je suis pliée en deux, coincée, tranche de dinde dans mon matelas-sandwich, et Jamal se cogne les cuisses à force de rire. »

Je suis ton soleil est un récit juste et authentique, un rayon de soleil, avec une sacrée bonne dose d’humour. J’ai dévoré le livre !

Le roman a obtenu le Prix de la Librairie des Enfants 2017 et le Prix Talents Cultura Catégorie romans 12 ans et + 2017. Il est dans la sélection pour le prix Farniente 2019. Affaire à suivre!

 

Le +

  • J’ai beaucoup aimé la franchise, la fragilité et la force de Déborah. Les personnages secondaires sont aussi très attachants.
  • L’histoire est juste et prenante, elle montre la vie telle qu’elle peut être : douce et amère à la fois.
  • Il y a dans le récit une scène avec une mygale qui m’a fait mourir de rire (mais qui m’a donné quelques frissons aussi, je l’avoue, hum).
  • Chaque début de chapitre commence par une phrase extraite d’une chanson, d’un poème connu, c’est original.
  • C’est un roman qui fait du bien et qui nous donne un coup de peps si on a le cafard.
  • L’auteure a une plume aboutie qui lie poésie, simplicité et naturel, le tout mâtiné d’un solide sens de l’humour.

 

Le –

  • Certains lecteurs reprochent l’excès d’humour au récit, qui devient un peu lourd. Personnellement, cela ne m’a pas dérangée, mais je peux comprendre ce point de vue.

 

Le coin des profs

  • Les ados se reconnaîtront et s’identifieront aisément au personnage de Déborah à travers ses maladresses et ses mésaventures.
  • Le roman ne présente aucune difficulté de lecture ; il y a beaucoup de pages, mais il se lit vite.
  • Il y a une tentative de suicide dans le récit. Il vaut mieux le savoir pour éviter de le donner dans des mains trop fragiles, mais c’est aussi l’occasion d’évoquer ce thème délicat.

 

Mots clés

Amitié, amour, école, famille, humour, suicide

 

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Infos pratiques

  • À partir de 14 ans
  • Flammarion jeunesse
  • 472p.
  • 17,50€
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