Ça se casse la figure une libellule ? (Martine Gengoux)
Dans une cité ouvrière située dans une ville basse en bord de Meuse, vivent plusieurs cabossés de la vie dans des petites maisons adjacentes à une ancienne fabrique à papier désaffectée. La particularité : ici, il n’y a pas de bail ou de contrat. On reste le temps nécessaire : un peu, beaucoup, toute la vie.
La fabrique ne représentait plus aucune valeur marchande, et le site s’était considérablement dégradé. Ce qui avait fourni à Marcellin l’occasion de se proposer à l’entretien des bâtiments. Il rafistolait, un toit par-ci, un mur par-là. Ceux qui y séjournaient payaient le gîte à coups de pelle et de marteau. On débarquait à La Courette le temps de retrouver sa boussole, de rassembler ses billes, de construire des projets ou de poser son sac entre deux gares. De plus en plus, on s’y était installé.
À « La Courette », on découvre une galerie bigarrée de personnages : une Mylène qui a fui sa mère encombrante, une Lucile à la tignasse noire usée, un vieux Marcellin cultivant son potager, un Matteo secrètement amoureux, une Suzy discrète et un Francis à la jambe claudicante.
La quiétude de ce microcosme improbable est troublée par la visite de l’inspecteur de Briard qui voudrait parler à Lucile de la disparition d’une petite fille, Molly, qu’elle a gardée il y a quelque temps. Le hic, c’est que Lucile a mis les voiles quand elle a appris la visite de cet inconnu avec un nom à particule. Un brin paniquée, un brin paumée aussi, elle part en auto-stop dans le sud de la France (« elle n’est pas encore arrivée à lire le mode d’emploi de la vie à l’endroit […] sa vie [est] emberlificotée dans un scénario qu’elle ne maîtrise pas »). Quand un automobiliste lui demande où elle va, elle répond : « C’est un problème de ne pas savoir ? ». Le ton est donné.
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