L’envol (Alia Cardyn)
Tous les 27 juillet, Barnabé Quills organise une fête magnifique dans sa propriété au bord de l’océan. Chaque année, c’est l’émoi dans la petite ville de Black, où les invités se préparent dès le matin pour la soirée qui est désormais the place to be. Cette année, alors que les feux d’artifice s’épanouissent dans le ciel, Théa Vogue, dix-huit ans, saute de la falaise devant tout le monde.
Nous retournons alors quatre ans en arrière avec plusieurs niveaux de lecture : il y a le récit de la vie quotidienne de Théa et des amis de sa mère (Barnabé, Charlotte et Jane, qui vivent chacun leurs difficultés), le journal intime de la jeune fille où elle confie ses secrets et ses questionnements, mais il y a aussi les lettres de la mère de Théa. Celle-ci est morte lorsque sa fille avait six ans et a décidé peu de temps avant sa mort de léguer aux anniversaires de quinze, seize, dix-sept et dix-huit ans de Théa un paquet de lettres différentes où elle raconte son enfance difficile, ses blessures, ses non-dits, son mariage par dépit et sa maternité qui lui a permis de se sentir enfin exister. Consciente qu’elle est partie trop tôt, laissant Théa seule face à un père distant et peu aimant, elle sait que sa vie ne sera pas facile et espère que ses confidences aideront sa fille à ne pas reproduire les mêmes erreurs qu’elle. Un beau cadeau, mais une valise bien lourde aussi…
Sa remarque me glace le sang tant elle contient de négligence et de dédain. Ne s’inquiète-t-elle donc pas de savoir où est sa fille de dix ans à 7 heures du matin ? […] comment ma mère peut-elle ignorer que les vacances ont débuté ? […] Je découvre avec effroi que le baiser du matin est à mon initiative, mes lèvres sur sa joue, jamais le contraire, qu’elle tend celle-ci sans sourire, comme une obligation de plus dans une journée déjà chargée. Je comprends soudain que si elle ne me prend pas dans ses bras, ce n’est pas par manque de temps ou parce qu’elle a trop chaud, mais parce qu’elle n’en a pas envie. Mes parents ne sont pas seulement ternes, stricts, oublieux, ils sont aussi dépourvus d’amour. Cette vérité me paralyse Ma mère ne m’aime pas. Lui, je m’en doutais, mais elle… J’espérais encore.
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