Ma meilleure amie s’est fait embrigader (Dounia Bouzar)

Ma meilleure amie s’est fait embrigader (Dounia Bouzar)

Résumé de l’éditeur

L’histoire de Camille, embrigadée par les djihadistes, et de Sarah, sa meilleure amie, qui tente de l’aider.

Camille était ma meilleure amie. On faisait tout ensemble. Depuis deux ans, on était collées-serrées : les sorties, les confidences, les révisions… Camille, c’était ma pote, mon double. Trop d’heures à rigoler ensemble. Sans elle, impossible d’avancer.

Aujourd’hui, la porte s’ouvre et une silhouette tout en noir sort. On ne voit ni son visage ni ses yeux. Je ne comprends pas tout de suite. Puis, je réalise : la femme en noir, c’est Camille.

Je n’ai pas réagi assez vite. Camille s’est fait embarquer la semaine suivante. Le temps que je commence à me renseigner et à comprendre, c’était déjà fini.

 

Mon avis

Le thème évoqué est criant d’actualité, mais aussi délicat à aborder. L’auteure le fait simplement en proposant un récit à 2 points de vue : celui de Camille et de Sarah. Il est intéressant de noter que Camille est une Française qui se fait embrigader, alors que Sarah est une musulmane moyennement pratiquante. Le point de vue de cette dernière sur le comportement et les propos de sa meilleure amie font de ce roman un récit assez didactique.

« En marchant, Sarah me parle de Dieu. Je réalise que c’est la première fois qu’on a ce type de discussion. Elle me dit que l’islam est une religion universelle et intemporelle parce qu’elle peut toucher chaque humain dans son cœur de façon différente. Du coup, chaque verset peut être compris différemment selon qui l’on est et ce que l’on vit. Sarah me dit : « Pour les musulmans, le Coran est parole divine, mais la compréhension est toujours humaine. C’est comme quand tu lis un poème de Rimbaud : si tu as 10 ans, 30 ans, ou 60 ans, le poème ne change pas mais toi, tu saisis une autre dimension à chaque relecture. Le Coran, c’est la même chose. Sinon, il serait démodé. Ça n’a pas de sens de vouloir le comprendre comme nos ancêtres des premiers siècles. […] »

D’un côté, le récit montre comment Camille se radicalise en regardant des vidéos sur Internet, se coupant de sa famille et de ses amis ; de l’autre, on suit Sarah qui voit son amie changer et qui met du temps à comprendre ce qu’il se passe.

Ce roman met en lumière les mécanismes de manipulation de l’organisation terroriste, mais aussi les moyens de « désembrigadement », lui conférant un caractère explicatif. D’ailleurs, l’auteure ne s’en cache pas : « J’ai écrit ce livre pour que vous maîtrisiez les fils invisibles de Daesh, que vous soyez outillés pour voir, entendre, parler, déconstruire, tendre la main. J’ai écrit ce livre parce que je sens que votre génération sait une chose : qu’est-ce qu’on se ressemble tous, au-delà de nos différences… Personne ne peut vous séparer. »

Un autre élément intéressant à souligner est que Dounia Bouzar n’est pas qu’une simple auteure d’origine musulmane, c’est aussi une anthropologue qui a écrit plusieurs essais sur le radicalisme religieux, la place de l’islam dans un pays laïque,… On sent une grande maîtrise du sujet, mais aussi une volonté forte de nous éclairer concernant la palette de nuances entre les différents types de musulmans, et ça fonctionne. Lire le trajet de Camille permet de comprendre son schéma de pensée, ainsi que le terrain qui l’ont poussée à en arriver là.

 

Le +

  • Les explications concernant la distinction entre musulmans inoffensifs et radicaux permettent de nuancer un peu certains propos qu’on entend quotidiennement dans la rue et à la TV.
  • Les notes en bas de page expliquant les termes relatifs à la culture musulmane sont utiles pour ceux qui ne les connaissent pas.
  • Le message d’amour et de paix à la fin fait du bien.

 

Le –

  • Le récit ne présente aucune qualité littéraire.
  • La distinction entre musulmans peut être perçue comme manichéenne (il n’y a pas que des musulmans gentils et méchants, il y a aussi des musulmans non radicaux qui ne sont pas spécialement des gens bien).

 

Le coin des profs

  • Un thème très intéressant à aborder dans un cours de morale, religion ou citoyenneté, mais aussi un thème délicat.
  • Je n’ai pas trouvé de tranche d’âge conseillée pour ce livre. Je dirais à partir de 15 ans, pas avant.

 

Infos pratiques

  • De La Martinière Jeunesse
  • 236p.
  • 14,50€
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