Olympe de Roquedor (Jean-Philippe Arrou-Vignod et François Place)

Olympe de Roquedor (Jean-Philippe Arrou-Vignod et François Place)

Résumé de l’éditeur

Olympe de Roquedor est en fuite. On veut la marier contre son gré et s’emparer du domaine dont elle est l’héritière. Traquée par ses ennemis sur les terres hostiles des Loups de l’Azeillan, la jeune rebelle rencontre Décembre, un ancien soldat borgne, et son complice, le timide et mystérieux Oost. Ensemble, ils vont livrer un combat sans merci pour reconquérir le château de Roquedor… Une héroïne indomptable, déterminée à reprendre sa liberté, au cœur d’un flamboyant roman d’aventures écrit à quatre mains.

Mon avis

Nous sommes au 17e siècle, Olympe est une orpheline de 16 ans qui vient de passer 4 ans dans un couvent, dont on vient de la sortir pour la marier avec un vieil homme repoussant. Ce mariage, Olympe n’en veut pas et personne ne pourra l’y contraindre. Profitant d’une embuscade lors d’un orage, elle parvient à échapper à ses geôliers, déguisés en chaperons pour la circonstance. La voilà libre, seule et traquée sur les terres hostiles d’un seigneur cruel et celles plus hostiles encore des Loups de l’Azeillan !

La jeune fille n’a qu’un objectif: rejoindre Roquedor, le château de ses ancêtres, qu’on essaie de lui dérober. En chemin, elle rencontre Décembre, un vieux soldat borgne et taiseux dont le passé semble bien mystérieux, et Oost, un jeune homme timide à l’air fragile. Cet improbable trio que l’affection finira par unir, tout comme l’admiration et un rien de rébellion, va se lancer à corps perdu dans la reconquête de Roquedor et de sa liberté.

Certes, l’intrigue du roman n’est pas des plus originales, tant elle a fait sienne les codes du genre, mais ce n’est pas un problème. En effet, l’histoire demeure prenante, rythmée et bien construite. Romanesque en diable, elle n’est toutefois pas sans finesse ou réflexion, proposant notamment des personnages attachants et bien campés. Olympe est à cet égard une héroïne moderne, féministe, intelligente et on ne peut plus sympathique. Par ailleurs, le roman est aussi très bien écrit. Les dialogues rédigés dans un style ciselé sont particulièrement réussis et convaincants et m’ont rappelé tantôt la verve d’un Rostand, tantôt l’énergie d’un Dumas. Le style de ce récit est un vrai délice !

« – Mon grand âge ? s’emporta le borgne. Je pourrais bien te botter le train pour cette insolence. Et quel âge crois-tu donc que j’ai, blanc-bec ?
Oost recula à distance prudente.
 – Celui au moins d’être… capitaine.
 – Capitaine ? s’étonna l’autre. Et à quoi le vois-tu ?
 – Eh bien, à votre… euh… personne.
 – Mais encore ?
 – Cette figure…
 – Altière ?
 – C’est le mot que je cherchais. Cette mine… euh…
– Avenante ?
 – Vous m’ôtez l’épithète de la bouche. Et cette chevelure…
 – Rare ?
 – Je ne dirais pas cela.
 – Blanchie, alors ? Attention à tes paroles.
 – Argentée, plutôt. C’est cela : une chevelure argentée ! Et, si vous permettez, du plus bel effet sur votre… euh… tête.
 – Tope là, l’ami, ronronna le borgne en lui tendant la main. C’est tout moi que tu décris. »

Les 2 auteurs de ce roman rendent hommage aux feuilletons populaires et aux romans de cape et d’épée du 19e siècle, mais en bousculant allègrement les codes puisque le premier rôle revient à une jeune fille au caractère bien trempé, qui n’a rien à envier aux hommes. Aventure, sorcellerie, féminisme, amitié, enquête, famille, secrets du passé, reconquête, voilà les ingrédients de cette très belle histoire qui regorge de trésors au fil de ses pages ! Olympe est une héroïne charmante, rebelle, courageuse, éduquée par un père ouvert d’esprit, orpheline depuis ses 12 ans, mais qui sait se débrouiller toute seule.

Cette aventure moderne et féministe nous est offerte dans un écrin historique, avec ce qu’il faut de châteaux, de cavalcades, de tavernes, de bandits et de chasses aux sorcières. On s’y croit ! C’est une époque où l’on dispose des jeunes filles comme du bétail, qu’il s’agisse de les jeter au couvent ou de les marier, mais Olympe semble indomptable. Déterminée à échapper au destin que le compte de Saint-Mesme a tracé pour elle, la jeune marquise se cabre et ne recule devant aucun danger, même s’il faut courir avec son jupon dans la boue. Elle a plus d’un tour dans son sac et un don pour se faire les alliés les plus improbables.

Olympe est flamboyante, on s’attache immédiatement à elle, partageant son désarroi et sa lutte désespérée pour défendre sa liberté. Ses péripéties sont portées par la plume généreuse des deux auteurs. Il y a de l’action et de la liberté, du souffle et du mystère, des combats et de la subversion. Cette chouette histoire est accompagnée par de très belles illustrations de François Place et la fin est très belle !

Le +

  • J’ai beaucoup aimé la force et le courage d’Olympe, qui refuse avec beaucoup de naturel un destin imposé dans une société patriarcale.
  • Les personnages d’Oost et de Décembre ont du relief : on apprend à les connaître au fur et à mesure de l’histoire. Ils deviennent de vrais protagonistes sans écraser Olympe.
  • La plume des auteurs fait que c’est un récit particulièrement réussi et agréable à lire.
  • Le récit ne comporte pas de romance, ce qui fait qu’on ne bascule pas dans une histoire trop stéréotypée.

Le –

Je n’en vois pas. C’est rare !

Le coin des profs

Étant donné le style littéraire, il vaut mieux conseiller ce roman à des bons lecteurs. Il est intéressant pour aborder la noblesse au 17e siècle, le déterminisme social et la condition des femmes.

Niveau de lecture

Intermédiaire

Genre

Roman d’aventures

Mots clés

Aventure, brigands, condition des femmes, égalité des sexes, enquête, héritage, liberté, mariage forcé, noblesse désargentée, résilience, valeurs familiales

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Infos pratiques

  • À partir de 13 ans
  • Gallimard jeunesse
  • 298p.
  • 16,50€
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