Robin des graffs (Muriel Zürcher)

Robin des graffs (Muriel Zürcher)

Résumé de l’éditeur

Sam, la nuit, tague sur les murs de Paris des couples d’animaux de l’arche de Noé. Le jour, il va chanter au cimetière du Père Lachaise en hommage aux SDF morts dans la rue. Pour gagner sa vie, il joue aux échecs avec la vieille Mme Decastel, intelligente, acariâtre et généreuse aussi.

C’est au commissariat du quartier qu’il rencontre une petite fille fugueuse en mal d’affection. Bonny décide que Sam sera sa nouvelle famille et part avec lui. La police est sur les dents : capturer le taggueur adoré des réseaux sociaux et qui défie les forces de l’ordre, retrouver la petite fille et son kidnappeur.

 

Mon avis

J’ai eu un peu de mal à entrer dans le roman car il commence une nuit où Sam tague un mur de Paris. Quand on ne sait pas pourquoi il fait ça et qu’on n’est pas favorable au vandalisme, l’entrée en matière n’est pas la plus captivante. Ce qui m’a fait continuer la lecture, c’est que je sentais un enjeu vital caché derrière ce geste, et non une « simple » volonté de se rebeller contre l’autorité publique. Et pour cause, l’adolescent tague les murs afin de gérer ses émotions relatives au deuil d’une amie…

Au fur et à mesure, on découvre ce qui anime la personnalité contrastée de Sam : il chante dans une chorale au cimetière du Père Lachaise où il rend un dernier hommage aux SDF décédés, il joue aux échecs avec une vieille dame revêche de son immeuble afin de gagner sa vie et payer son logement, il consacre l’essentiel de ses nuits à graffer sur les murs de Paris les animaux de l’Arche de Noé issus d’un livre de son enfance…

Quand la petite Bonny (à peine 6 ans) vient littéralement coller aux basques de Sam, on se dit que ça ne va pas durer longtemps et que cette histoire va mal finir. Pourtant, une amitié naît entre ces deux-là et l’histoire fonctionne. Le récit est alors ponctué de l’enquête où les policiers alternent entre la tentative d’identification de Robin des graffs et la recherche de la petite fille disparue.

Il est difficile de ne pas s’attacher à ce duo cassé par la vie, on découvre petit à petit l’histoire des héros et leurs blessures, c’est difficile de ne pas avoir envie de les prendre dans nos bras. L’auteure nous dresse presque une fresque sociale en évoquant des thèmes très durs comme le deuil, les sans-abris, la solitude, le monde underground du street-art. Ils sont abordés avec une grande tendresse et sensibilité qui rendent le récit doucement poétique, avec quelques petites touches humoristiques grâce notamment aux erreurs de vocabulaire de Bonny.

« C’est rigolo, la dame, elle ressemble à une brioche. Mirabelle éclata de rire.

-Dis donc, ma choupinette, c’est drôlement gentil ce que tu viens de dire là. […] j’en conclus que je suis à croquer ! […]

– Non, j’ai dit ça, cause que tu es grosse. Mais je voudrais deux couilles de mammouth, s’il te plaît. »

J’ai beaucoup aimé ces personnages attachés l’un à l’autre, mais qui ne se le disent pas. On se laisse bercer par l’histoire avec beaucoup de plaisir.

 

Le +

  • C’est une jolie histoire d’amitié atypique.
  • Les personnages sont attachants.
  • La dure réalité est évoquée avec beaucoup d’humanité.

 

Le –

  • La fin est un peu trop parfaite, mais elle fait du bien quand même.

 

Le coin des profs

  • Le roman ne présente aucune difficulté de lecture et peut réconcilier certains jeunes fâchés avec la lecture (surtout ceux qui ont un p’tit cœur tout mou).
  • Sam enfreint la loi à plusieurs reprises, ce qui pourrait banaliser le geste, surtout avec le happy end. Selon moi, il faut recadrer un peu les choses avec des élèves.
  • Le roman pourrait être un prétexte pour aborder le pouvoir des médias, qui apparaît en filigrane.

 

Infos pratiques

  • Dès 13 ans
  • Thierry Magnier roman jeunesse
  • 288p.
  • 14.50 €
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