Alma l’enchanteuse (Timothée de Fombelle)

Alma l’enchanteuse (Timothée de Fombelle)

Résumé de l’éditeur

Le deuxième tableau haletant d’une trilogie sur l’esclavage et le combat de l’abolition au XVIIIe siècle.
1787. Alma et Joseph ont rejoint Saint-Domingue sur les traces du navire La Douce Amélie et de son insaisissable trésor. Mais Alma n’a qu’un seul but : retrouver Lam, son petit frère. Dans les plantations de canne à sucre, les champs de coton de Louisiane, parmi les milliers d’esclaves qui se battent pour survivre, la jeune fille poursuit sa quête tandis que Joseph traverse à nouveau l’Atlantique. On parle d’abolition à Londres. En France, le pouvoir de Versailles commence à vaciller. En se séparant, les chemins d’Alma et Joseph leur rappellent à chaque instant tout ce qui les unit.

Mon avis

Nous sommes début 1787, Alma et Joseph ont rejoint Saint-Domingue. Tous deux sont sur les traces du navire La Douce Amélie, Alma pour retrouver son petit frère Lam, et Joseph, lui, pour retrouver ce fameux trésor insaisissable que le navire négrier renferme et que beaucoup convoitent. Leurs chemins vont alors se séparer, chacun étant porté par sa propre quête. Malgré des itinéraires très différents, ils espèrent se retrouver un jour. Notre héroïne va poursuivre la recherche de son frère dans les plantations de canne à sucre et les champs de coton en Louisiane, parmi les milliers d’esclaves qui se battent pour survivre, sous la protection de Santiago Cortès, « el principe del cacao ». Joseph, quant à lui, traverse à nouveau l’Atlantique pour se rendre vers le Royaume de France.

De multiples aventures vont jalonner ce récit emmenant le lecteur à Saint-Domingue, en Louisiane, en France, mais aussi en Angleterre grâce aux péripéties des nombreux autres personnages comme Nao, Amélie Bassac, Jean Saint-Ange, Gabriel Cook, Cortès… Ainsi, Gabriel Cook, l’ancien cuisinier sur le bateau des Bassac, et Jacques Poussin, le maître-charpentier, sont prêts à tout pour accaparer ce trésor que l’ex-comptable du père d’Amélie, Jean Saint-Ange, est certain d’avoir récupéré.

De son côté, Amélie Bassac, la fille du fameux armateur de la Rochelle, est à Saint-Domingue où sa présence dérange pas mal les habitudes. Avec sa gouvernante, Madame de Lô, elle va s’installer aux Terres Rouges, la propriété familiale où les esclaves noirs sont moins bien traités que des bêtes, leur force de travail exploitée au-delà des limites pour la culture de la canne à sucre. Tous ces personnages vont curieusement se frôler, se croiser, nous laissant espérer pour certains qu’ils se rencontrent enfin, mais ça ne sera pas le cas dans ce tome-ci.

Ce 2e tome conserve comme thème principal la condition effroyable des esclaves noirs dans les champs de coton, on assiste également à l’industrialisation du travail et la souffrance humaine qui en découle. Cet opus développe les réalités de l’esclavage avec beaucoup de détails sur cette organisation, tout en mettant en exergue le courage et la volonté des victimes de la traite. Il y a tout de même une nouveauté : en cette année 1787, on assiste aux prémices de l’abolition de l’esclavage grâce à un certain Thomas Clarkson qui mène une enquête dans le grand port négrier de Liverpool, ce qui vient perturber cette énorme machine aux bénéfices incalculables.

« La fin d’une journée de récolte n’est jamais un soulagement pour les esclaves. Il y a la pesée du coton ramassé. Alma a mis du temps à comprendre l’angoisse de cette dernière heure du jour. Elle a découvert partout les mêmes règles en remontant les plantations du Mississippi. Le chef d’atelier a inscrit dans ses livres de comptes le poids cueilli à la fin de la première journée de récolte de chaque esclave, quand il n’était pas encore usé par le travail. Ce chiffre sert de référence pour toute la saison. Il est différent pour chacun. On devra cueillir chaque jour cette quantité exacte de coton malgré la fatigue accumulée au fil des mois. Celui qui ramasse moins est fouetté. Et si par peur de la punition, on a cueilli davantage, le nouveau poids devient la mesure pour la suite, une mesure qui devient impossible à atteindre. Même le grand intendant des enfers, s’il existait, n’aurait pas l’imagination d’inventer de telles règles. »

Au péril de sa vie, Thomas Clarkson menace d’énormes intérêts dans la capitale mondiale de ce commerce inhumain. Heureusement, son action commence à avoir des échos en France où Brissot, Clavière et Mirabeau ont créé la Société des amis des Noirs. Il faut dire que ça bouge beaucoup en France puisque Louis XVI a enfin accepté de convoquer les États-Généraux tout en continuant à mobiliser cinq cents personnes pour ce que l’on appelle « le service de la bouche du Roi ».

Le dénouement est à suivre dans le dernier tome de cette trilogie !

Le +

  • Les illustrations de François Place sont très belles et apportent un plus non négligeable sur l’ambiance de l’histoire.
  • La carte située en début d’ouvrage est la bienvenue, elle permet aux lecteurs plus jeunes, comme aux plus anciens, de bien situer ce périple entre Amérique et Europe.

Le –

  • J’avoue que les chassés-croisés entre les personnages qui se frôlent mais ne se rencontrent pas m’ont un peu agacée. Après presque 800 pages de lecture, des retrouvailles seraient plus que bienvenues, elles n’empêchent pas le suspense de continuer…
  • Je n’accroche pas avec la chasse au trésor et l’appât du gain qui l’anime, mais ça reste un ressort classique d’un récit d’aventures.

Le coin des profs

En raison des différentes actions aux 4 coins du monde et de la complexité du fonctionnement de l’esclavage et de l’industrialisation des monocultures, ce récit n’est à proposer qu’à des très bons lecteurs avec un accompagnement d’un adulte pour le décodage de certains points.

Niveau de lecture

Avancé

Genre

Récit d’aventures

Mots clés

Aventures, bateau, blancs >< noirs, commerce, différences, esclaves, ethnologie, exploitation, famille, nature, Histoire, pirates, traite des êtres humains

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Beloved, Toni Morrison

Infos pratiques

  • À partir de 13 ans
  • Gallimard jeunesse
  • 423p.
  • 19€
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