Butterfly (Yusra Mardini)

Butterfly (Yusra Mardini)

Résumé de l’éditeur

Quand la fragile embarcation qui l’emmène loin de la Syrie en guerre commence à sombrer, Yusra Mardini, seize ans, refuse le terrible destin qui lui tend les bras. Impossible qu’une nageuse de son niveau, entraînée par un père si exigeant, finisse noyée comme tant d’autres ! Puisant au fond d’elle-même des forces insoupçonnées, elle se met à pousser avec sa sœur le canot rempli de réfugiés et parvient à tous les sauver.

Ainsi commence la seconde partie de la vie de Yusra, guidée par le courage et la volonté. Une volonté incroyable qui la mènera vers son rêve : quelques mois après ce sauvetage, elle parvient à se qualifier pour les Jeux olympiques ! Aujourd’hui ambassadrice de l’ONU, Yusra, dix-neuf ans, nous raconte son histoire tout en préparant activement les Jeux olympiques de Tokyo 2020.

Mon avis

Yusra commence son récit tout en douceur. C’est une jeune Syrienne qui nous raconte sa vie avant la guerre, son enfance et celle de sa sœur Sara. Son quotidien est ponctué par l’école et ses cours de natation. Son père a décidé de faire de ses filles des professionnelles de la nage (il voudrait les faire participer aux Jeux Olympiques). Sara et Yusra écoutent docilement leur père et s’adonnent à leurs entraînements quotidiens en essayant de composer avec les courbatures, la fatigue, le découragement, l’envie de s’amuser plutôt que de nager. Leur père est dur et ne leur laisse pas le choix dans leurs activités.

Puis la guerre arrive. Yusra prend bien son temps pour nous faire vivre avec elle tous les changements qui surviennent au fil des premières années, on sent au plus profond de soi le danger, mais il est loin au début. On ressent aussi chez la jeune fille l’espoir que tout va vite aller mieux, puis le moment où elle va se résigner et perdre espoir. Effectivement, elle s’est habituée à entendre les bombes exploser près de chez elle, à se cacher quand des militaires viennent tirer à l’aveugle dans la rue, mais quand une bombe éclate sur le toit de la piscine où elle est en train de nager, le déclic se fait : elle et sa famille sont réellement en danger, il faut quitter le pays.

Après de longues discussions, les parents décident que Yusra et Sara vont partir vivre en Allemagne pour être en sécurité et connaître un avenir meilleur. Leur mère et leur petit frère viendront les rejoindre dans un 2e temps, puis leur père. La séparation est difficile, mais les sœurs se résignent. Elles prennent l’avion vers la Turquie, puis doivent prendre le bateau pour aller en Grèce, passer par la Serbie, la Hongrie, pour arriver en Allemagne. Les choses se compliquent en Turquie. Il leur est difficile de trouver une barque, les passeurs les arnaquent, se moquant complètement de leur précarité ou leur sécurité. Le moteur de leur canot de fortune tombe rapidement en panne et les personnes présentes vont attendre 3h avant de pouvoir atteindre la terre ferme. Les passagers doivent garder espoir dans ce terrible moment où chacun d’entre eux doit plonger dans l’eau durant quelques minutes pour alléger l’embarcation et l’empêcher de couler.

« Je débranche mon cerveau et la voix se tait. De longues minutes s’écoulent. Je m’accroche à la corde, tourne le bateau, bats des jambes … je survis. Et puis, tout à coup, je suis frappée par l’absurdité de la situation. Je me retiens d’éclater de rire. La Voix pourrait peut-être m’expliquer. Que fait-on ici, me dis-je, à affronter une mer houleuse à bord d’une embarcation aussi dérisoire ? Comment en sommes-nous arrivés là ? À quel moment nos vies ont-elles perdu toute valeur ? Était-ce vraiment la seule issue, le seul moyen d’échapper aux bombes ? »

Lorsque les sœurs arrivent en Grèce, elles ne sont pas au bout de leurs difficultés : elles subissent les longues heures d’attente pour trouver un bus, doivent supporter la faim permanente et anticiper le danger et les arnaqueurs qui les cernent. Après de longues semaines de périple, elles arrivent enfin en Allemagne et ont la chance de rencontrer Sven, qui va les entraîner à la natation et essayer de leur faire récupérer leur niveau professionnel. Il voudrait qu’elles participent au JO de Berlin, mais pas en tant que représentantes de leur pays, en tant que membres du groupe de « nageurs réfugiés ». C’est une déception, mais Yusra accepte de participer aux jeux pour délivrer son message : « Cette expérience m’a donné une voix et la possibilité de la faire entendre. Je voudrais aider à modifier la perception des réfugiés, pour que chacun comprenne bien que nous avons quitté nos pays car nous n’avions pas le choix et que nous sommes des personnes comme les autres, capables d’accomplir de grandes choses si nous en avons l’opportunité. »

Dans ce livre, on n’a aucun détail sur la politique ou la religion, il n’y a pas non plus de message de propagande. On a juste le témoignage d’une jeune adolescente qui veut vivre une vie ordinaire et c’est assez intéressant. Elle va être obligée de quitter son pays et de découvrir un nouveau monde où elle ne connaît rien et où elle a tout à prouver une nouvelle fois. Yusra va devoir reconstruire sa vie, mais la natation lui permettra peut-être de faire la différence et de se faire entendre…

Le +

Le fait que ce soit un témoignage récent est fort intéressant. Il fait l’effet d’une claque et éveille les consciences.

Le –

  • Il y a plus de 200 pages de description du voyage avec toute l’attente et les personnes malhonnêtes rencontrées. C’était un peu trop long,cela manque de suspense.
  • Le message répété en boucle par Yusra quand elle est arrivée en Allemagne m’a un peu fatiguée : on n’a pas choisi d’être réfugié, on est des êtres humains comme les autres, on peut accomplir de grandes choses. Ça me paraît évident, pas besoin de le dire autant de fois.
  • Yusra n’est pas une autrice. Son style manque de concision, elle a donné beaucoup de détails montrant ses difficultés quotidiennes et son lot d’émotions, mais ce foisonnement déforce la tension dramatique.

Le coin des profs

Le roman ne présente aucune difficulté de lecture et permet d’aborder un thème brûlant d’actualité, mais il ne plaira pas aux lecteurs vite fatigués par les descriptions.

Niveau de lecture

Intermédiaire

Genre

Témoignage

Mots clés

Famille, fuite, guerre, jeux olympiques, malhonnêteté, natation, réfugiés, sacrifices, sport

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Réfugiés, Alan Gratz

Homme noir sur fond blanc, Xavier Deutsch

Infos pratiques

  • À partir de 15 ans
  • Pocket jeunesse
  • 364p.
  • 17,90€
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