Et pourtant, le bonheur est là (Enrico Galiano)

Et pourtant, le bonheur est là (Enrico Galiano)

Résumé de l’éditeur

Plus de 100 000 exemplaires vendus en Italie ! À 17 ans, Gioia ne se résout pas à faire comme les autres. Enfermée dans sa bulle, elle écoute en boucle les Pink Floyd, discute avec son amie imaginaire, photographie les gens de dos et collectionne dans un carnet des mots étrangers intraduisibles. Puis, sans prévenir, sa rencontre avec Lo fait voler en éclats ses convictions. Solitaire comme elle, ce garçon lui inspire des émotions qu’elle n’a jamais ressenties. Mais voilà qu’il disparaît mystérieusement, sans laisser de trace. Gioia commence à douter : aurait-elle aussi imaginé cette relation incroyable ? Impossible ! Pour être heureuse de nouveau, Gioia est déterminée à retrouver son amour perdu…

Grand Prix Città di Como Prix de la Culture méditerranéenne

Mon avis

Gioia Spada a dix-sept ans et vit à Redona. Elle a une amie imaginaire nommée Tonia, une fille un peu délurée et souvent vulgaire, qui permet à Gioia de discuter avec quelqu’un car elle a beaucoup de difficultés à nouer des amitiés au lycée. Elle vit seule avec sa mère, sans emploi et alcoolique, et sa grand-mère, dépendante. Elle se réfugie dans son monde, supporte le harcèlement scolaire dont elle est victime (elle est surnommée « miss rabat-joie » à l’école), prend des photos de gens qu’elle rencontre, mais uniquement de dos.

Ses parents, sous couvert de violence conjugale et de boisson, se séparent et se réconcilient sans cesse. Seuls son professeur de philosophie, son amie imaginaire, les Pink Floyd et sa collection de mots intraduisibles la font survivre jour après jour, dans l’espoir d’une vie meilleure. Un jour, une énième dispute familiale éclate dans leur petit appartement. Gioia en a marre, décide de prendre l’air et de se rendre dans un bar désert la nuit. Là-bas, elle rencontre le mystérieux Lo, qui va devenir sa bouée de sauvetage. Ils se voient alors tous les soirs, se confient l’un à l’autre et commencent une relation amoureuse. Mais quand il disparaît soudainement, la jeune fille se demande s’il était vraiment réel ou s’il était lui aussi, comme Tonia, le fruit de son imagination.

Alors que son entourage pense qu’elle a inventé cette histoire, Gioia décide de mener l’enquête. Le roman se découpe en trois parties : tout d’abord la rencontre avec le mystérieux garçon est racontée par un narrateur externe au récit, ce sont des scènes courtes de dialogues ; ensuite, l’enquête de l’héroïne intègre de nombreux articles de presse sur l’accident du héros ; enfin, la dernière partie intègre des échanges épistolaires entre les deux protagonistes.

Ce best-seller italien décrit l’univers d’une adolescente au lycée en grande souffrance psychique. L’héroïne se réfugie dans son monde intérieur pour survivre à sa situation précaire et ses parents toxiques. Lo, lui, est un personnage mystérieux qu’on a beaucoup de mal à cerner. Il est issu d’un milieu aisé, est tantôt doux, tantôt colérique, on se demande souvent s’il n’est pas bipolaire. On doute parfois de sa sincérité et de son vécu, mais il est tellement démonstratif avec Gioia qu’on veut y croire à tout prix.

L’auteur, un professeur de lettres, a ajouté deux éléments à l’histoire : d’une part les échanges entre l’héroïne et son professeur de philosophie qui l’accompagne dans sa lente éclosion à l’âge adulte et l’amène à interroger ses croyances et ses représentations du monde, ce sont des réflexions intéressantes sur l’adolescence et plus généralement sur la vie et l’amour ; d’autre part, la collection de mots rares de l’héroïne, qui accumule les mots de langues étrangères impossibles à traduire littéralement.

Nous sommes plongés dans le monde de l’héroïne et nous perdons souvent le sens des réalités tant le monde imaginaire et le monde réel dans l’histoire sont entremêlés, nous ressentons toute la détresse de cette adolescente broyée par une enfance malheureuse, des parents irresponsables et violents et un harcèlement scolaire sans pitié. Ensuite, nous suivons l’enquête sans aucune certitude sur la réalité des faits et la tension augmente quand l’héroïne rencontre le père du jeune homme tant aimé. Ce roman interpelle par l’exploration des sentiments de deux adolescents en souffrance psychique. Il ouvre sans cesse sur les questions philosophiques du sens de la vie et sur l’importance de veiller sur les jeunes en situation précaire.

Le +

  • Les dialogues sont courts, ciselés et efficaces. Le livre se lit très vite, il ne faut pas être effrayé par ce pavé de plus de 400 pages.
  • Malgré une histoire assez peu originale, on est toujours sur le fil du rasoir. On se demande sans cesse si tout cela est réel ou non. Cela donne pas mal de suspense à l’intrigue. On veut savoir la suite et on lit l’histoire à toute vitesse.

Le –

  • Les sautes d’humeur de Lo et son manque de prévenance par rapport aux sentiments de Gioia quand il a disparu m’ont un peu énervée.
  • La 1ère relation sexuelle entre Gioia et Lo se fait avec un consentement tiède, ce qui n’est pas exploité après dans l’histoire. Cela me paraît peu crédible et un peu dangereux (le thème est important).
  • Le vocabulaire des mots uniques m’est tombé des mains. Je l’ai passé…

Le coin des profs

Le récit est intéressant pour aborder la précarité chez les jeunes, les familles déficientes et l’engrenage du mensonge.

Niveau de lecture

Débutant

Genre

Romance

Mots clés

Alcoolisme, amitié, amour, deuil, famille, enquête, harcèlement scolaire, mensonge, précarité, secret

Vous aimerez ce récit si vous avez aimé…

Partis sans laisser d’adresse, Susin Nielsen

Infos pratiques

  • À partir de 12 ans
  • Pocket jeunesse junior
  • 496p.
  • 18,90€
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