Golden Valley (Gaël Aymon)

Golden Valley (Gaël Aymon)

Résumé de l’éditeur

Lorsqu’il débarque à l’aéroport de Yangon en Birmanie, Maximilien est accablé par la chaleur et l’ennui. Rejoindre ses parents expatriés dans le quartier chic de Golden Valley n’est pas le programme dont il avait rêvé cet été-là. Mais quand Max rencontre Dolly dans une soirée de la jeunesse dorée, c’est le choc. Elle a vingt ans, elle est belle, brillante, follement attirante. Leur complicité charnelle est une révélation qui en annonce bien d’autres. Car Dolly est aussi la fille d’un riche industriel birman, associé au père de Max dans la construction d’un barrage hydraulique…

Quand une rencontre amoureuse bouscule tous les repères et fait émerger une conscience politique, sociale, individuelle… On se révolte et on vibre avec Max d’un bout à l’autre de ce roman intense au parfum d’exotisme.

 

Mon avis

Au début du roman, Maximilien apparaît comme peu sympathique. C’est le cliché du beau gosse sportif, issu d’une grande école et d’une famille riche. Parachuté dans ce pays qu’il ne souhaite pas connaître, entre sa mère qui lui tape vite sur le système, son père archi-occupé par son boulot et la piscine de la villa trop petite pour faire des longueurs, il se vautre dans le luxe sans se poser de question.

Il rencontre assez rapidement d’autres jeunes expatriés comme lui, ils vont passer leur temps à faire la fête dans les bars et jouer à des jeux vidéo chez l’un ou chez l’autre. C’est dans ces circonstances qu’il rencontre Molly, 20 ans, la sœur de son ami Brandon, qui semble collée à son téléphone portable. Il a le coup de foudre pour elle, mais la sent inatteignable. Elle fait un pas vers lui, une histoire d’amour commence, mais ils doivent se cacher car en Birmanie, les femmes qui sortent avec des étrangers sont très mal vues.

Sa rencontre avec Dolly est intéressante car celle-ci va lui ouvrir les yeux sur ce qu’il se passe dans son pays. Engagée secrètement dans un mouvement de lutte pour la libération de la Birmanie, elle va transmettre à Maximilien sa façon de vibrer pour créer un monde meilleur, plus juste, moins dominé par l’argent et les enjeux de pouvoir. Le choc des cultures est intéressant aussi. En tant qu’étranger issu d’une famille riche, il est traité avec respect, mais il sent aussi certains regards pesants sur lui. Grâce à Dolly, Max découvre quelques pans de l’histoire de la Birmanie et ouvre les yeux sur le monde.

« Lentement, tous les jours, je désapprenais le monde tel que je l’avais conçu, pour le réapprendre par les yeux de Dolly. Chaque geste, chaque action quotidienne prenait un nouveau sens. Je me remplissais d’elle, j’étais avide de tout. Elle était mon salut. Celle qui allait m’aider à ne pas devenir celui que je ne voulais plus être. »

Lorsqu’il est confronté aux malhonnêtetés de son père face aux Birmans pauvres, les certitudes de Max s’effondrent, les paillettes du monde des nantis disparaissent. Il va devoir faire un choix…

« Depuis que nous étions là, ils se comportaient avec une extrême prudence, comme Dolly l’avait parfois fait avec moi. Comme si j’étais potentiellement dangereux. Et mon milieu, ma famille me semblaient comme une faute dont je devais me justifier, me laver. En me voyant entrer, Sandar avait pris son mari à part dans la cuisine, pour le questionner, à voix basse et en birman. J’avais entendu Trevor lui répondre : « Ne t’en fais pas. C’est l’ami de Dolly Mya Yi. » »

Le style de l’auteur est travaillé, ce qui rend le roman intense et puissant. Tous les ingrédients sont présents pour éveiller des consciences politiques… La note de l’auteur à la fin du roman est édifiante à ce sujet. Voici un extrait :

« Combien de variables d’ajustement la notion de démocratie connaît-elle, selon le pays dans lequel on vit, le pays dont on parle, ou les intérêts économiques qu’on y trouve ? Où est la liberté et qui porte finalement les chaînes ?

S’il n’y a « pas de condition plus décisive pour occuper des positions dominantes que de sincèrement croire être fait pour les occuper » (Sociologie de la bourgeoisie, M. et M. Pinçon) que se passe-t-il lorsque le doute s’installe et qu’un grain de sable vient gripper la machine ? L’adolescence est ce moment de la vie qui peut soudain faire bifurquer une ligne droite. Mais comment échapper à sa condition, quelle qu’elle soit, à un âge où le sentiment d’impuissance domine ?

Les récents bouleversements de la société birmane ne sont pas tant au cœur de ce roman que ce qui n’y change jamais. Cette classe ultraprivilégiée dont ni les codes ni l’existence ne sont réellement affectés par les changements sociétaux, et qu’on retrouve immuable, partout dans le monde. »

 

Le +

  • Le choc des cultures est intéressant, surtout que Maximilien ne sait rien de la Birmanie ; les jeunes lecteurs sont donc au même stade de connaissance que lui;
  • L’histoire d’amour plaira à coup sûr (le premier coup de foudre d’un beau gosse, c’est plaisant à lire).

 

Le –

  • L’histoire de la Birmanie et les conflits qui la caractérisent son assez simplifiés, on a envie d’en savoir un peu plus.

 

Le coin des profs

  • Ce roman ne présente aucune difficulté de lecture et est une bonne entrée en matière pour aborder l’économie et la politique dans les pays en voie de développement.

 

Infos pratiques

  • À partir de 14 ans
  • Gallimard (collection « Scripto »)
  • 192p.
  • 8,65€
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