Hope (Sylvie Godefroid)
La lecture des premières lignes du nouveau roman de Sylvie Godefroid nous plonge dans l’univers profondément cruel où Hope a grandi. Elle est née avec une neurofibromatose de type 1, entendez une tumeur inopérable qui lui « bouffe » le visage et effraie les regards qui se posent sur elle. Hope a été abandonnée par ses parents et n’a pas reçu d’affection. Elle n’en ressent pas pour elle ou pour le genre humain. Pétrie par la haine et le mépris qu’elle éprouve pour elle-même et pour les autres, elle a décidé de se suicider le jour de ses quarante-et-un ans, en tuant dans la foulée dix personnes de son choix.
Présentée comme ça, l’héroïne peut susciter le rejet du lecteur, mais c’est sans compter sur la finesse de l’auteure qui nous invite à comprendre comment Hope en est arrivée là.
J’ai grandi comme une mauvaise herbe dans le jardin d’une humanité qui n’avait pas de place pour ma singularité, j’ai courbé l’échine, recroquevillé la tête dans les épaules, baissé les yeux au sol qui rougissait rien qu’à croiser mon regard d’animal sauvage. Personne n’est outillé pour endurer ce que j’ai traversé. […] Eh non, la maturité n’aide pas à mieux gérer le rejet universel. On ne s’habitue jamais. On vous ment quand on vous dit qu’avec le temps, tout s’en va. Foutaise ! Avec le temps, ce qui fait mal fait encore plus mal. Votre regard appuyé, votre souffle dégoûté me transpercent toujours la poitrine au quotidien. N’importe qui en deviendrait mauvais […] La vie m’a tuée. Je suis morte de n’avoir pas su vivre.
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