Zouck (Pierre Bottero)

Zouck (Pierre Bottero)

Résumé de l’éditeur

« La musique était une onde qui me portait. Toujours plus haut. Je me sentais légère, presque éthérée. J’avais la sensation que mes gestes pouvaient s’affiner jusqu’à devenir parfaits. « Anouck, dite Zouck, a une passion : la danse. Qu’elle partage avec sa meilleure amie : Maiwenn. Jusqu’au jour où elles s’éloignent l’une de l’autre. Zouck, obsédée par l’idée de perdre quelques kilos superflus, se coupe du monde. De son côté, Maiwenn, follement amoureuse, devient de plus en plus distante.

 

Mon avis

Zouck et Maiwenn sont des amies inséparables, comme on en rencontre souvent à cet âge-là (17 ans). Elles partagent tout ensemble, notamment leur passion pour la danse. Cette amitié n’est pourtant pas si simple : tandis que Maiwenn est une jeune fille très belle et très fine, avec des yeux d’un bleu profond, Zouck a une apparence plus banale et ne cesse de se comparer aux autres filles, les plus jolies, évidemment.

Un jour, Zouck entend par mégarde une conversation entre sa prof de danse et un chorégraphe très réputé où ses kilos en trop sont évoqués comme un frein rédhibitoire pour devenir une bonne danseuse. Cette nouvelle lui fait l’effet d’un séisme. Zouck décide de faire un régime draconien où l’euphorie de la perte de poids fait peu à peu place à la volonté de contrôler son corps. Elle se dirige insidieusement sur la dangereuse pente de l’anorexie et voudrait pouvoir se confier à Maiwenn, mais celle-ci s’est entichée d’un homme de 40 ans rencontré sur internet. Elle s’est jetée à cœur perdu dans cette histoire d’amour, les nombreuses mises en garde de Zouck ont poussé Maiwenn à se distancer d’elle. Zouck est seule, désormais.

« Mes mains refusent de m’obéir lorsque je leur ordonne de me nourrir. Ma bouche refuse de s’ouvrir quand mes mains acceptent de m’obéir. Mes dents ne mâchent pas, mon estomac se révulse. Mes yeux déposent sur la réalité un filtre au travers duquel toute nourriture est dégoût. Non, mes yeux percent le filtre et discernent la réalité. Toute nourriture est dégoût. »

Face à la descente aux enfers de Zouck, ses parents aimants se sentent perdus, ils ne parviennent pas à trouver les mots justes pour l’aider, la pousser à manger : « Maman pleure, conseille, gronde, menace, supplie. Elle s’étiole à son tour et je ne peux rien pour elle. Papa conseille, gronde, supplie, menace. Peut-être pleure-t-il aussi. »

Le processus de l’anorexie est bien décrit, depuis l’ivresse du début d’un régime, jusqu’à la volonté de contrôler complètement son corps, en passant par les restrictions de plus en plus nombreuses, les stratagèmes pour cacher la maladie, mais aussi la prise de conscience de celle-ci (qui n’équivaut pas nécessairement à la volonté de guérir) et le difficile chemin vers l’équilibre.

« Personne ne quitte jamais totalement les chemins sombres. Les fouler laisse des traces indélébiles, au mieux des cicatrices, au pire des plaies qui jusqu’à la fin resteront ouvertes. Et la guérison est longue. Très longue… »

 

Le +

  • C’est intéressant de se rappeler que, chez les adolescents, un drame peut partir d’une « simple » remarque désobligeante.
  • L’histoire et les personnages sont justes et cohérents : l’entêtement de Zouck et Maiwenn (face, respectivement à l’anorexie et un homme marié attiré par une jeunette), leur isolement progressif, puis leur descente aux enfers sont bien décrits.
  • L’auteur traite du thème de l’anorexie avec délicatesse, sans entrer dans les stéréotypes : les parents et la prof de danse de Zouck voient ce qu’il se passe, tentent de la raisonner, mais ils sont impuissants face à la guerre subtile que Zouck mène contre elle-même. Pierre Bottero nous montre aussi avec beaucoup de finesse que l’anorexie cache un mal-être plus profond qu’il n’y paraît : « Ma cuirasse s’est fissurée et, tout au fond de moi, un barrage a cédé. Je n’arrive plus à vivre… »
  • Le style poétique et littéraire de Pierre Bottero est un régal (comme toujours).

 

Le –

  • Le roman est un peu court, la fin est traitée trop rapidement à mon goût. Même si l’auteur explique bien que le chemin pour sortir de l’anorexie est long et difficile, cela aurait été intéressant qu’il donne plus de détails à ce sujet pour faire sentir aux jeunes lecteurs la difficulté de cet après.

 

Le coin des profs

  • Le roman montre bien les dangers de l’anorexie et, dans une moindre mesure, des rencontres fortuites sur internet. Deux thèmes brûlant d’actualité, qu’il faut aborder encore et encore pour développer l’esprit critique des jeunes.
  • En filigrane, la question de la performance est évoquée : Zouck n’est pas une très bonne danseuse, mais elle est passionnée par la danse, elle se sent presque s’envoler quand elle danse et ça se voit. Le chorégraphe évoque son excès de poids si elle veut devenir une excellente danseuse, mais Zouck le veut-elle vraiment ? Il est intéressant d’évoquer, à partir de ce roman, la question de la projection des désirs des adultes sur les enfants à travers cette anecdote, qui prend des proportions alarmantes dans le récit.

 

Infos pratiques

  • À partir de 10 ans
  • Flammarion jeunesse
  • 160p.
  • 10€

 

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