La mort n’est qu’un début (Ambelin et Ezekiel Kwaymullina)

La mort n’est qu’un début (Ambelin et Ezekiel Kwaymullina)

Résumé de l’éditeur

Beth est morte. Et depuis, son père, policier, est le seul qui puisse encore la voir et l’entendre… mais il est submergé par son deuil. Pour l’aider à refaire surface, Beth l’encourage à s’investir dans une nouvelle enquête : suite à l’incendie d’un orphelinat, un cadavre a été retrouvé et deux hommes ont disparu. Qui sait, ce mystère pourra peut-être détourner son père de sa tristesse ? Intriguée, Beth se lance elle aussi dans l’enquête. Elle fait bientôt la connaissance d’Isobel, une fille étrange qui parle par énigmes…

Mon avis

Beth est morte dans un accident de voiture où c’était Viv, la sœur de la mère de Beth qui conduisait. Viv n’est pas responsable de l’accident, elle s’est fait simplement percuter, et elle aurait préféré mourir à la place de sa nièce car elle est écrasée par la culpabilité. Si Viv et les siens vivent leur deuil, n’hésitent pas à exprimer leurs sentiments, y compris l’amour qu’ils éprouvent pour Beth et le souvenir des moments heureux, le père de Beth, Judge, est enfermé dans son deuil et refuse de parler à sa famille.

Rachel, sa chef, essaie de le remettre sur pied : il est policier et doit se remettre au travail. Aussi, quoi de mieux qu’une affaire simple, un incendie dans un foyer pour jeunes en difficultés ? Il y a eu un mort, mais l’enquête devrait être facile à résoudre et changer les idées de Judge. Pour l’aider à refaire surface, Beth, désormais un fantôme que seul son père peut voir et entendre, l’encourage à s’investir dans cette nouvelle mission : il accepte de travailler à contrecœur sur cette enquête difficile pour lui. Comment faire son deuil alors qu’il voit sa fille ? Comment faire son deuil alors qu’elle voit son père souffrir autant ?

« June m’a toujours appelée sa fille papillon, parce que je vivais dans l’instant, laissant derrière moi tout ce qui me pesait, comme les papillons abandonnent leur état de chenille. Elle disait que j’étais qui j’étais au jour le jour et jamais qui j’avais été la veille, et que ma mère était comme ça aussi. J’aimais cette idée : elle me permettait de me sentir plus proche de ma mère, dont je n’arrivais pas à me souvenir. Sauf que je ne me sens plus comme une fille papillon. Porter mon père me pèse, m’alourdit, et je sais que ma tante ne voudrait pas de ça pour moi. Je ne me sens pas non plus capable de juger les choses correctement. Je n’arrive pas à savoir ce qu’il faudrait faire, en tout cas pas ce qui serait bien pour moi. »

Père et fille se lancent dans l’enquête concernant l’incendie et le cadavre retrouvé. Ils rencontrent Isobel et vont être confrontés à une drôle de légende, car il est difficile de comprendre ce qu’il est arrivé vraiment à cette jeune fille qui parle par énigmes.

« Si tu peux le nommer, tu peux le capturer, me lance-t-elle. Si tu peux le capturer, tu peux le combattre. Tout à son contraire. Rappelle-toi ! »

L’enquête les emmène sur les traces de Sarah, une jeune aborigène disparue des années auparavant. L’incendie et la disparition de Sarah sont-ils liés ? Cette dernière a-t-elle vraiment été recherchée ? Les choses ont l’air d’avoir été faites superficiellement car il s’agit d’une aborigène, moins importante qu’une blanche de bonne famille aux yeux de certains. Beaucoup de questions se posent…

L’histoire évoque la condition des aborigènes et les enfants arrachés à leur famille, une pratique courante il y a quelques années. Elle définit l’arrière-plan du roman : le traitement des aborigènes, des peuples multiples qui ont été traités d’une façon tout à fait injuste par les Australiens.

C’est Isobel qui va raconter son histoire à Beth et Judge, ce qui va éclaircir l’enquête. C’est sous la forme d’un conte qu’elle narre ce qu’elle a vécu, au point que son récit peut être interprété de différentes manières, ce que Judge ne manque pas de faire dans un premier temps (avant de comprendre enfin, et de protéger Beth, même au-delà de la mort).

Dans ce roman, l’auteur oser aborder des thèmes forts (la mort et le deuil, mais aussi l’existence de personnes qui méprisent certaines vies humaines), tout en évitant de sombrer dans l’accumulation de détails sanglants. Le récit permet aussi de rappeler qu’un conte, une légende, peut ne pas être raconté.e de la même manière d’une personne à l’autre et qu’il/ elle permet de transmettre la mémoire de son peuple, tout en le confrontant à ses tragédies actuelles. Un récit un peu déroutant !

Le +

  • L’histoire raconte avec une certaine justesse à quel point on peut être enfermé dans un deuil et qu’il peut être très difficile d’en sortir.
  • Isobel est un personnage clé pour aider à résoudre cette enquête. Au début, je la prenais pour une jeune fille un peu paumée, mais elle intervient d’une manière intéressante dans le dénouement.
  • L’image sur la couverture reflète avec une grande justesse la symbolique du contenu du récit.

Le –

  • Au début du récit, je me suis demandé si on n’allait pas verser dans une histoire classique et un peu glauque de revenants. Le ton change par la suite.
  • Le langage par énigmes d’Isobel peut dérouter un lecteur peu habitué aux métaphores et aux symboles.

Le coin des profs

Le récit ne présente pas un grand intérêt en ce qui concerne la qualité du style ou de l’histoire. C’est plutôt la question du deuil et le traitement des aborigènes par les autochtones s’auto-proclamant civilisés et pratiquant des abus de pouvoir éhontés qui valent la peine d’être abordés en classe.

Niveau de lecture

Intermédiaire

Genre

Récit policier avec des fantômes

Mots clés

Aborigènes, abus de pouvoir, Australie, deuil, discrimination, enlèvement, enquête policière, incendie, meurtre, mort, traite des êtres humains

Vous aimerez ce récit si vous avez aimé…

Keep hope, Nathalie Bernard

Infos pratiques

  • À partir de 15 ans
  • Rageot
  • 243p.
  • 14,90€
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