Le majordome et moi (Gary D. Schmidt)

Le majordome et moi (Gary D. Schmidt)

Résumé de l’éditeur

Carter Jones n’en revient pas. Alors qu’il se réveille un beau matin, voilà qu’il trouve un véritable majordome anglais – avec chapeau melon et tout le tralala, s’il vous plaît ! – sur le pas de sa porte. Comme si survivre et comprendre le collège ne suffisait pas, Carter doit aussi s’adapter à la présence opportune de cet inconnu venu aider la famille Jones – un brin fauchée. Mais lorsque la colère et le chagrin deviennent trop lourds à porter, Carter découvre qu’un fardeau devient plus léger quand il est partagé.

Mon avis

Carter Jones vit a Marysville aux États-Unis avec sa mère, ses 3 sœurs et le chien Ned pendant que son père est en mission militaire en Allemagne. Son grand-père vient de mourir et offre en héritage à sa famille son majordome, qui tombe à pic un jour où la mère débordée est en attente d’une nounou. C’est Carter qui découvre le majordome sur le pas de la porte :

« Écoutez, lui ai-je dit, ma mère est en train de péter un câble. Il faut que j’aille à l’épicerie chercher du lait pour le petit déjeuner. Charlie hurle parce que Ned a vomi sur sa chaussette jaune, Annie est une véritable casse-bonbons, Emily est sur le point d’avoir sa frange attachée à ses sourcils, je n’ai même pas encore préparé mon sac – et, vous savez, ça ne se fait pas en 5 minutes -, il faut qu’on parte bientôt, car on est obligés d’aller à l’école à pied, vu que la pompe à injection de la Jeep ne marche plus, et on n’a qu’un parapluie. Alors allez-vous-en. »

Carter entre cette année en sixième au collège Longfellow. L’arrivée du majordome va complètement bousculer la vie de la famille car il sait tout organiser, mais il tient aussi à ce que le jeune Carter ait une conduite de gentleman et non de barbare, qu’il devienne un homme, un vrai. Carter étant l’aîné et le seul garçon dans la famille, il est un peu l’homme de la maison et agit comme tel sans vraiment s’en rendre compte.

« – Vous parlez toujours comme ça ?

– Si vous vous demandez si je parle toujours l’anglais de la reine d’Angleterre, la réponse est bien entendu affirmative.

– Enfin, je veux dire… votre façon de vous exprimer, comme si vous vouliez tout enjoliver.

Le type a fait secouer son parapluie pour en faire tomber les gouttes de pluie. Je me suis demandé s’il n’avait pas l’intention de le secouer en plein sur moi.

– Jeune maître Jones…

– Et cette expression, « Jeune maître Jones ». Personne ne parle comme ça.

– Indéniablement, certains le font.

– Et cette expression, « In-dé-nia-ble-ment ». Il faut carrément une minute pour dire ça. In-dé-nia-ble-ment. […]

– Attendez, ai-je lancé. Vous voulez dire que mon grand-père, genre, nous fait don de votre personne dans son testament ?

– C’est crûment exprimé, mais exact dans son sens le plus large.

– Genre, on vous possède ?

Le type a soigneusement replié son parapluie.

– Jeune maître Jones, les contrats de servitude ayant été abolis, y compris dans votre pays, la réponse est non. Genre, vous ne me possédez pas.

– Alors, s’est écriée Charlie, vous êtes une nounou ?

Le type a ouvert de grands yeux.

– Non, espèce d’idiote. C’est pas une nounou, ai-je dit.

– Jack nous a envoyé un majordome, a ajouté ma mère, surtout pour elle-même.

Le type s’est éclairci la voix.

– Je suis terriblement conservateur sur ce genre de sujets. Je préférerais de loin qu’on me considère comme un gentleman au service d’un gentleman.

Ma mère a secoué la tête.

– « Un gentleman au service d’un gentleman… » Jack nous a envoyé un gentleman au service d’un gentleman.

Le type a refait sa petite courbette.

– Le seul problème, c’est qu’il n’y a pas de gentleman ici, a-t-elle protesté.

Alors le type m’a regardé droit dans les yeux. Véridique. Droit dans les yeux.

– Probablement pas encore, a-t-il dit en me tendant le parapluie-antenne parabolique.

Et c’est comme ça que le Majordome est arrivé chez nous. »

Le majordome va assez facilement prendre le train en marche dans cette famille qui bouillonne et qui fait beaucoup de bruit. Les personnages de Gary Schmidt sont, comme à leur habitude, attachants avec leurs forces et leurs faiblesses, leurs qualités et leurs défauts. Dans cette histoire-ci, on retrouve un fil rouge, le cricket, dont les règles, les techniques et les usages ouvrent chaque chapitre et servent de métaphore au récit de chacun de ces chapitres. Il y a aussi de l’humour, tendre et féroce à la fois car on découvre un majordome très impliqué dans son travail et très « british » face à un jeune Américain curieux, ce qui est un beau prétexte pour faire ressortir l’histoire du lien entre ces deux nations, qui est aussi un thème du roman. Les références historiques sont nombreuses, mais jamais didactiques car elles servent l’humour tout au long de l’histoire.

« – C’est quoi ? ai-je demandé.

– Du thé au lait, additionné de sucre, a répondu le Majordome.

– Je ne bois pas de thé.

– Tous les gens civilisés boivent du thé, jeune maître Jones.

– Eh bien, je suppose que je ne suis pas civilisé.

– Une revendication que vous partagez avec les Vikings, les Huns, diverses hordes barbares et maraudeurs en tous genres. J’ai pris la liberté de mettre plus de sucre que de coutume.

J’ai bu une gorgée. J’en ai bu une deuxième. C’était plutôt bon.

– Ça pue.

Le majordome a soupiré.

– Nul besoin de rappeler une nouvelle fois à quel point vous êtes terriblement américain.

– Vous savez, je pense que j’ai peut-être une petite idée sur le sujet puisque je n’oublie pas qui je suis, mais arrêtez-moi si je me trompe. Nous sommes aux États-Unis, pas vrai ? Enfin, je suis censé être américain, pas vrai ?

Le majordome a encore soupiré.

– Je crois, jeune maître Jones, qu’il va falloir trouver un terrain d’entente mutuel.

Dans tes rêves, ai-je pensé. »

La fin est surprenante et nous donne un regard tout à fait différent sur l’enjeu de l’histoire, j’ai beaucoup aimé. Un chouette roman pour passer un bon moment de lecture !

Le +

Gary Schmidt reste une valeur sûre à mes yeux pour aborder des histoires familiales touchantes avec des rebondissements et un style travaillé.

Le –

  • Le cricket occupe une place importante dans l’histoire : les règles du jeu sont longuement détaillées et font l’objet d’un lexique en fin de livre. J’avoue qu’à un moment donné, j’ai décroché, il y avait trop de détails.
  • La couverture me paraît trop enfantine et « clownesque » par rapport au contenu de l’histoire.

Le coin des profs

Le récit ne présente pas de difficulté de lecture, sauf concernant les règles du cricket, qui sont assez détaillées. Le roman est intéressant pour aborder l’histoire commune de l’Angleterre et des États-Unis.

Niveau de lecture

Intermédiaire

Genre

Récit réaliste

Mots clés

Amitié, amour, Angleterre, cricket, double vie, école, États-Unis, famille, gentleman, lien, héritage, majordome, secret de famille

Vous aimerez ce récit si vous avez aimé…

Heureusement que le chien, lui, est une type bien, Lorenza Ghinelli

Infos pratiques

  • À partir de 13 ans
  • L’école des loisirs
  • 248p.
  • 16€
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