Les mille visages de notre histoire (Jennifer Niven)
Résumé de l’éditeur
Libby Groby s’est cachée chez elle depuis le décès de sa mère, mais elle se sent désormais prête pour le lycée. Personne ne la connaît vraiment au-delà de son obésité. Jack Masselin est un jeune homme sûr de lui, sexy et distant que tout le monde pense connaître, mais qui cache un secret. Il rencontre Libby et leur monde respectif change.
Mon avis
Il y a quelques années, la mère de Libby est morte brutalement et Libby a perdu pied : elle s’est enfermée dans sa chambre pendant des mois, s’est déscolarisée et a pris énormément de poids. Un jour, elle a fait une violente crise d’angoisse, son père a prévenu les secours, qui n’ont pas eu d’autre choix que de démolir une partie de la maison pour sortir Libby de sa chambre avec une grue. Cet événement a fait la une des journaux et Libby a été catégorisée « la plus grosse ado d’Amérique ». Trois ans plus tard, après une prise en charge de son alimentation et de sa santé mentale, Libby a perdu du poids (mais elle est toujours en surpoids important), se sent mieux dans sa peau et décide de reprendre sa vie en main. Elle sort de l’hôpital et réintègre de lycée avec une certaine appréhension sur l’accueil qui va lui être réservé. Elle a un peu peur de retrouver les élèves qui ont grandi avec elle et ceux qui se souviennent d’elle à cause du reportage à la TV sur son évacuation avec la grue.
Parallèlement, nous découvrons Jack Masselin, un jeune homme populaire et assez arrogant. Il a une maladie réelle extrêmement rare, la prosopagnosie, c’est-à-dire qu’il ne reconnaît pas les visages, même pas ceux de ses proches (il redécouvre chaque matin ses parents et ses frères). Il arrive à cacher ce douloureux secret, mais ne pas être démasqué est un combat de chaque jour. Jack s’est composé un personnage, il n’est pas tout de suite attachant car ses choix se font au détriment des autres, tellement il a peur qu’on découvre son handicap, dont il a honte. Il a mis en place des stratégies pour cacher sa propagnosie en se fiant aux voix, aux cheveux, aux couleurs de peau, etc. Un de ses meilleurs amis, par exemple, il le reconnaît uniquement car il arbore une crête décolorée sur la tête.
Jack n’est pas un personnage facile à aimer car il est un peu égoïste, il peut paraître distant et passe souvent pour un idiot ou une personne détestable pour cacher sa maladie. C’est un héros singulier qui a une particularité unique (personnellement, je ne connaissais pas la maladie dont il est atteint). Son état nous permet de comprendre ses moindres craintes, son combat face à son handicap.
Lorsque Libby entre au lycée, Jack réussit à la reconnaître grâce à son excès pondéral et une belle relation d’amitié se noue alors entre eux. Ils s’acceptent l’un l’autre avec leurs différences, se comprennent, se protègent et s’engueulent aussi.
« Parfois, les gens sont salauds tout simplement parce que ce sont des salauds. Parfois parce que quelqu’un leur a fait des saloperies. Parfois, les gens sont salauds juste parce qu’ils ont peur. Parfois, ils sont délibérément salauds avant que quiconque puisse leur faire des saloperies. Et puis il y a des gens qui ne s’aiment pas. Et si ce genre de personne croise quelqu’un qui sait parfaitement qui il est et qui s’aime comme ça, alors elle se sent encore plus minable. »
L’auteure nous donne à lire une histoire toute mignonne et sensible avec un beau message de tolérance. La notion de l’acceptation de soi est au centre de l’histoire et elle plaira, à mon avis, à de nombreux lecteurs.
Le +
– Le récit se présente avec l’alternance de points de vue de 2 héros, ce qui donne un certain rythme à l’histoire.
– J’ai bien aimé la force de caractère de Libby et sa résilience aussi : elle n’hésite pas à prendre la parole, à s’affirmer, à aider les plus démunis face aux moqueries et aux regards insistants de perfides personnes.
Le –
– L’absence totale de complexes de Libby me paraît un peu forcé.
– Je ne comprends pas bien comment Jack peut réussir à cacher une maladie aussi invalidante depuis autant de temps.
– On aurait pu se passer de l’histoire d’amour entre les 2 ados (elle me paraît un peu cliché).
Le coin des profs
– Le roman ne présente aucune difficulté de lecture, mais il peut rebuter par son grand nombre de pages. Il se lit pourtant assez vite. – Toute la question de la différence et de l’acceptation de soi me paraît intéressante dans ce récit.
Mots clés
Acceptation de soi, amitié, amour, angoisse, complexes, deuil, différence, famille, handicap, harcèlement scolaire, surpoids
Vous aimerez ce récit si vous avez aimé…
Les petits orages, Marie Chartres
Infos pratiques
– À partir de 13 ans
– Gallimard jeunesse
– 484p.
– 17€