Lire est dangereux (pour les préjugés) (Dave Connis)
Résumé de l’éditeur
Quand Clara, lectrice assidue, découvre que des romans, jugés inappropriés, ont été bannis de la bibliothèque de son lycée, elle décide d’entrer en résistance. Son plan ? Monter une bibliothèque clandestine dans son casier.
Mon avis
Nous suivons l’histoire de Clara Evans, une lycéenne en dernière année. Passionnée de lecture, elle travaille bénévolement aux côtés du bibliothécaire de l’établissement. Concrètement, son univers entier tourne autour des bouquins et certains ont même fait d’elle la personne qu’elle est aujourd’hui. Elle a aussi créé un blog et un atelier pour échanger autour des livres qui ont bouleversé sa vie.
« Le problème, c’est qu’on se jette à corps perdu dans les livres. Avec toute notre noirceur. Notre lumière. Notre passion. Notre souffrance. Nous lisons avec tout ce qui nous façonne et toutes ces couches qui font notre personnalité agissent comme un filtre. Nous lisons avec tout ce que nos yeux ont vu, tout ce que notre cœur a vécu depuis notre naissance. L’humanité est d’une telle complexité que nous ne pouvons pas être jugés responsables de la mauvaise interprétation d’un livre. Et ce n’est pas à cause d’un livre que les gens se tuent, aiment ou haïssent. Ou qu’ils décident d’être présidents. Ce que nous faisons avant et après une lecture relève d’un choix personnel. Et ce choix, c’est la liberté. »
Le jour de sa rentrée en dernière année, elle découvre un peu par hasard que son proviseur, Monsieur Walsh, a dressé une liste de médias prohibés. Pour être plus clair, il a décidé d’enlever cinquante livres des rayonnages, parce qu’il pense qu’ils vont à l’encontre des principes fondateurs de son établissement. Bien évidemment, il décide de censurer les livres sans prévenir les élèves. Dit comme ça, cela pourrait être choquant, mais rappelons que le lycée dans lequel Clara poursuit ses études est un établissement privé et de ce fait, le règlement est édicté par ceux qui y injectent de l’argent.
Pour la jeune fille, cette situation est inacceptable. Elle essaiera d’abord de se faire entendre par l’administration, sans succès. Ensuite, elle mettra en place un plan : ouvrir une bibliothèque clandestine dans son casier qui ne contient que des œuvres interdites pour prouver que les livres ne sont pas négatifs et qu’ils peuvent apporter de belles choses. Et ça va marcher ! Le goût de l’interdit va titiller les élèves du lycée et leur donner envie de lire ces livres prohibés aux accents subversifs. S’en suivront de nombreux débats entre les jeunes, mais aussi avec les parents, le bibliothécaire, la prof de littérature et le directeur…
« – Ashton, les autres et moi, on a failli le [Jack] laisser tomber. Mais on ne l’a pas fait. Tu veux savoir pourquoi ? À cause de Vous parler de ça. Ce roman ne porte pas sur l’homosexualité, mais ça parle aussi de quelqu’un qui souffre tellement que chaque seconde de sa vie en est affectée. C’était exactement l’histoire qu’il nous fallait pour ne pas renoncer. Et si tu n’avais pas lancé ta bibliothèque ? Et si on n’avait pas eu accès à ce livre à ce moment-là, pile quand il le fallait ? On l’aurait laisser tomber. Peut-être que Jack n’aurait eu personne à qui envoyer son texto jeudi soir. Le proviseur peut censurer tous les livres qu’il veut, sous les prétextes qu’il veut, les ouvrages de la biclan [bibliothèque clandestine] ont modifié l’espace-temps. Nous avons la preuve irréfutable que les livres que tu as prêtés ont eu un effet sur ce qui nous entoure.
Elle m’observe. Je lis dans ses yeux qu’elle me supplie de la croire.
– Mais je n’ai pas lancé la biclan pour les bonnes raisons, je proteste. Je n’étais pas en mode défenseuse de la littérature qui voulait que ses pairs aient accès aux livres, comme quand j’ai créé BookFan. J’ai lancé la biclan parce que j’étais furieuse. Je voulais avoir raison. Je voulais gagner. J’ai utilisé les livres comme une arme.
– Ok, rétorque Resi, c’est pas génial, mais on s’en fiche. Ne le prends pas mal, mais ton rôle n’est pas aussi important que tu ne le crois. Ce n’est pas toi qui es responsable du changement. Ce sont les livres. Ils n’ont pas besoin que tu sois parfaite ou que tu portes une auréole. Ils ont besoin que tu les fasses circuler. Et ça fait des années que tu y contribues, pas seulement avec la biclan. Pense à tes toutes petites boîtes à livres. Si cette minuscule bibliothèque dans ton casier a eu autant d’effet sur une période si courte, pense à celui des TPBL ! Les livres ont un côté indomptable. On ne peut pas les apprivoiser. Les gens aussi ont un côté rebelle. On ne peut pas non plus les contraindre. Les deux combinés, personne ne sait ce qui se produira. En tout cas, ce n’est pas de ta responsabilité. Quant à la question de savoir si c’est approprié ou non pour les élèves, laisse donc ce débat aux parents. »
J’ai adoré l’idée qu’un roman soit écrit sur les livres et l’idée qu’ils peuvent influencer tout le monde, même si ce n’est pas de la même manière. J’ai aimé le côté fonceur de l’héroïne qui croit en ses idées et veut les défendre, même si elles ne sont pas toujours abouties. Au début du récit, c’est un personnage assez défensif qui va peu à peu s’interroger et prendre du recul grâce aux réactions du personnel et des élèves de son lycée. La voir douter et lutter contre sa spontanéité brute de décoffrage était intéressante à suivre.
« Nous lisons avec tout ce qui nous façonne et toutes ces couches qui font notre personnalité agissent comme un filtre. Nous lisons avec tout ce que nos yeux ont vu, tout ce que notre cœur a vécu depuis notre naissance. »
Le +
L’ode à la lecture et le combat contre la censure me paraissent essentiels. Les jeunes n’y sont pas assez sensibilisés selon moi.
Le –
- Comme je l’ai dit plus haut, j’ai trouvé l’héroïne Clara difficile à supporter au début du récit. C’est seulement quand elle commence à se remettre en question qu’elle devient intéressante.
- Il y a quelques passages qui tirent en longueur.
- Les personnages secondaires sont fades, je les trouve mal caractérisés et pas assez bien exploités.
Le coin des profs
Le récit ne présente pas de difficulté de lecture et sera une porte d’entrée intéressante pour aborder la question de la censure et du danger d’une oligarchie. Il y a des thèmes d’actualité avec lesquels on peut créer quelques ponts.
Niveau de lecture
Intermédiaire
Genre
Récit réaliste
Mots clés
Amitié, amour, bibliothèque, censure, classes sociales, différence, famille, lecture, livres, oligarchie, oppression, quête d’identité, tolérance
Vous aimerez ce récit si vous avez aimé…
1984, George Orwell
Infos pratiques
- À partir de 15 ans
- Milan
- 298p.
- 15,90€