Un nom sur la liste (Monica Hesse)

Un nom sur la liste (Monica Hesse)

Résumé de l’éditeur

Allemagne, 1945. La guerre est finie pour tous. Sauf pour Zofia. Zofia Lederman, 18 ans, a été brisée par les camps. Son corps commence à guérir, mais pas son esprit. Elle n’a qu’une chose en tête : la promesse qu’elle a faite à son petit frère Abek, trois ans auparavant : après la guerre, je te retrouverai. Dans une Europe en ruines, sa quête la mène à la rencontre d’autres survivants et toujours plus loin dans les tréfonds de sa mémoire. Saura-t-elle vivre avec les réponses qu’elle trouvera en chemin ?

Mon avis

L’action de l’histoire se situe en Allemagne en 1945. La guerre est finie officiellement, mais pas pour Zofia Lederman, 18 ans, qui a été brisée par les camps. Elle est traumatisée par ce qu’elle a vécu, ce qui est normal : elle revient d’un enfer où elle a vu toute sa famille exterminée devant elle. Elle n’a qu’une chose en tête : tenir la promesse qu’elle a faite à son petit frère Abek. Elle lui a en effet dit qu’ils se retrouveraient quand tout serait fini. Elle s’accroche à sa promesse pour avoir un but, tout en sachant que son frère est peut-être mort depuis longtemps.

Nous suivons le parcours de Zofia, sa recherche qui l’emmène hors de l’Allemagne, dans les camps de réfugiés, sur les traces de son frère. Cette histoire est touchante, suivre cette jeune fille, son parcours, ses rencontres, sa reconstruction est assez intéressant. C’est un roman qui fait découvrir comment cela s’est déroulé pour les survivants de la seconde guerre mondiale. Certes, la guerre est finie mais pour les juifs, tout est à reconstruire, et en Allemagne la haine contre eux est encore bien présente pour certains.

Dans une Europe en ruines, la quête de Zofia la mène à la rencontre d’autres survivants et toujours plus loin dans les tréfonds de sa mémoire. Les médecins s’inquiètent de son état, car elle souffre de troubles de la mémoire sur ce qu’il s’est passé ces dernières années. Elle semble un peu perdue face à tout ce qu’elle a vécu et montre quelques incohérences dans ces propos par moments. Saura-t-elle vivre avec les réponses qu’elle trouvera en chemin ?

« Ça suffit ! je m’ordonne en essayant d’interrompre la boucle infernale. Arrête ! Voilà ce que fait mon cerveau en ce moment. Il s’enraye. Il tourne en rond. Il m’empêche de penser à certaines choses et m’empêche de m’arrêter de penser à d’autres. Il y a des moments où mon cerveau fonctionne bien. De plus en plus souvent. Mais il réagit encore à des détails tout à fait imprévisibles, comme si je glissais sur une plaque de verglas. »

Dans son périple, Zofia s’acharne à donner le signalement de son frère aux personnes à même de l’aider qui vont lui expliquer les démarches longues et pénibles à effectuer pour retrouver quelqu’un. Elle se bat contre vents et marées à la poursuite du moindre indice, n’écoutant pas toujours les conseils qu’on lui donne. À travers les différentes rencontres qu’elle fait, elle est amenée à croiser quelques personnes bienveillantes qui lui apportent leur aide de différentes manières. Elle trouve aussi un certain nombre de personnes qui, comme elle, ont tout perdu et espèrent retrouver un membre de leur famille. On découvre alors leur histoire, leur vécu durant ces années de guerre et chaque histoire est différente, avec son lot de peine et de souffrance.

« J’ai laissé des parties de moi dans ce wagon. J’y ai laissé des parties que je ne retrouverais jamais plus. Je les ai laissées malgré moi, tandis que mon esprit s’obligeait à épouser ces impossibles, impossibles instants. Je les ai laissées exprès pour me protéger, parce que me rappeler cette histoire aurait annihilé en moi toute raison de survivre.
 
Et, contre toute raison, contre toute explication valable, j’ai eu envie de survivre. »

Zofia reste très concentrée sur son objectif, ce qui fait d’elle une jeune femme plutôt indépendante et décidée, souhaitant être en mouvement à chaque instant. Elle est amenée à se poser dans un autre lieu d’après-guerre : un camp pour ceux et celles qui n’ont plus d’endroit où aller. C’est là qu’elle découvre que beaucoup sont comme elle et elle se rend compte aussi de la façon dont chacun vit cela, certains vivant dans cet espoir de profiter de la vie qui ne leur a pas été prise, d’autres se morfondant dans la recherche d’un être vivant, mais tous partagent les mêmes conditions de vie. Ils forment un groupe de jeunes adultes, qui ont été déportés bien jeunes et qui aujourd’hui doivent décider de leur avenir sans avoir ce soutien que leurs parents auraient pu leur fournir s’ils étaient en vie. Il est bien difficile d’imaginer un avenir, alors que l’on a leur a pris tout ce qui faisait leur vie. La guerre a beau être finie, ce qu’ils entreprennent de faire sera un nouveau combat semé d’embûches.

Un nom sur la liste est un roman qui parle de l’après-guerre et de ces personnes déracinées qui cherchent désespérément les leurs, mais qui doivent aussi se reconstruire. Il est intéressant que ce roman se déroule juste après la guerre car cette période est peu traitée dans la littérature et l’histoire fait prendre conscience de la difficulté du long travail de reconstruction.

Le +

        La période de l’histoire traitée est intéressante.

        J’ai beaucoup aimé la détermination de l’héroïne qui la pousse à avancer, alors qu’elle n’a plus rien.

Le –

Il y a peu de tension dramatique dans le récit. Durant la 1ère partie du roman, Zofia cherche son frère et quand elle le retrouve, c’est une autre forme d’attente qui est décrite (je n’en dis pas plus pour ne rien « spoiler »).

Le coin des profs

Le récit est une belle porte d’entrée pour aborder la reconstruction après une guerre, le traumatisme et les séquelles qui en découlent.

Niveau de lecture

Intermédiaire

Genre

Récit de guerre

Mots clés

Amitié, amour, espoir, famille, guerre, mémoire, recherche, quête, réfugiés, ruines, solitude, traumatisme

Vous aimerez ce récit si vous avez aimé…

Sœurs de guerre, Catherine Cuenca

Infos pratiques

  • À partir de 15 ans
  • Nathan
  • 388p.
  • 17,95€
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