Buiten (Michaël Lambert)
Le héros, dont nous ne connaissons pas le prénom, travaille dans une grande entreprise où il est chargé de contrôler les erreurs des employés. Il a un bon salaire et des congés bien payés, donc aucune raison de se plaindre. Sauf que lorsqu’il signale l’erreur d’un collaborateur, ce dernier est renvoyé. Parfois, il ferme les yeux sur les fautes de ses collègues pour soulager sa conscience et donner l’impression aux patrons que les travailleurs ont un comportement irréprochable. Tout le monde y gagne. Jusqu’au jour où le narrateur transmet à la hiérarchie une erreur à ne pas transmettre, une erreur à la chaîne où l’on remonte jusqu’au Président-Directeur Général. Résultat : buiten, le contrôleur d’erreurs (« Pas buiten la direction »).
Soulagé par son attitude qui l’a mis au chômage (« Qu’est-ce que j’ai fait ? J’ai repris ma liberté, mon intelligence et ma conscience. […] Comment dire que j’avais défendu mon intégrité ? Comment dire que j’avais lutté pour mon humanité ? »), notre héros annonce à sa femme et sa fille qu’ils vont partir en vacances vers le Sud. D’abord, il les emmène au restaurant où l’on bascule dans un joyeux bordel : c’est lui qui prend les commandes et qui se met aux fourneaux avec une bonne humeur contagieuse. Et les aventures continuent dans le train et chez une vigneronne au milieu de nulle part…
Sous une apparence légère et burlesque, Michaël Lambert nous offre à lire un roman court et intense où l’on se laisse bercer par ses jeux de mots, sa poésie discrète et ses multiples références interculturelles. On y retrouve en effet des citations détournées de Rabelais, La Fontaine, Cyrano, des sketches teintés de l’humour de Raymond Devos (« Il ne me manquait qu’une toque pour moi, mais je ne m’en offusquais pas. L’idée de la toque était née de mon cerveau libéré, j’étais donc virtuellement un peu toqué »). Bref, on ne s’ennuie pas dans cette histoire drôle rythmée par un style ciselé et des anaphores enthousiastes (« Vas-y, ma fille ! »).
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