Célestine (Sophie Wouters)
Le récit de Sophie Wouters débute sur un procès en cour d’assises : Célestine est accusée d’un crime grave et ne souhaite rien dire à ce sujet. C’est une belle occasion de découvrir l’enfance peu banale de l’héroïne. Et pour cause, elle est née le jour où ses parents sont décédés dans un accident de voiture. Élevée par Berthe (une tante éloignée) et son mari, la jeune fille vit une enfance douce bercée par les émissions de Denise Fabre et les épisodes de Ma sorcière bien aimée, dans un foyer où l’on prend soin d’elle sans lui donner une réelle affection.
– Naïve que tu es ! Et toi, tu crois tout ce que l’on te raconte ! Mais on n’a rien sans rien, ma p’tite ! Tout le monde le sait !
Fatiguée par ce dialogue de sourds, Célestine décida de laisser sa tante fulminer toute seule devant ses fourneaux et d’emprunter le geste de sa tante : celui de balayer l’air de la main.
– Eh bien, t’auras qu’à t’en prendre qu’à toi-même si c’la tourne mal ! lui cria encore Berthe quand elle sortit de la cuisine.
Célestine tomba une fois de plus sur Aristide qui, une fois de plus, attendait sagement la fin de l’orage.
– N’faut pas lui en vouloir… C’est parce qu’elle t’aime qu’elle est dure avec toi, lui chuchota-t-il avec son air de chien battu.
Elle se contenta de hausser les épaules et Aristide, penaud, était ensuite entré dans la pièce.
– Et toi, bien sûr, comme d’habitude, tu as tout entendu et tu n’dis rien ! lui balança Berthe, hors d’elle, avant d’aller pousser sur le bouton du téléviseur.
Outre son entrée singulière dans la vie, Célestine se voit pourvue au fur et à mesure de sa croissance d’une qualité remarquable dont elle n’est pas vraiment consciente : elle est belle, belle au point de susciter l’attraction des uns et la jalousie des autres. Très bonne élève, elle n’en est pas moins continuellement perdue dans les nuages, dégageant une aura de mystère qui fascine les personnes sur son chemin.
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