Le bleu de tes mots (Cath Crowley)

Le bleu de tes mots (Cath Crowley)

Résumé de l’éditeur

Cela fait trois ans que Rachel a déposé sa lettre d’amour à Henry dans son livre préféré. Trois ans de silence. Aujourd’hui, anéantie par la mort de son frère, Rachel revient dans la ville où elle a grandi et accepte à contre-cœur de travailler à la librairie… aux côtés de Henry. Dans ce lieu particulier où chacun peut laisser des notes et des petits mots au fil des pages, tous deux vont réapprendre à se confier par lettres interposées. Une seconde chance ?

Mon avis

Rachel et son frère Cal sont partis de leur ville natale il y a 3 ans pour prendre soin de leur grand-mère, ce qui a obligé Rachel à quitter son lycée et son meilleur ami Henry à qui elle a laissé une lettre d’amour à laquelle il n’a jamais répondu.

« Cal et moi avons grandi à Gracetown. Nous avons déménagé pour Sea Ridge il y a trois ans, l’année de mes quinze ans. Mamie avait besoin qu’on s’occupe d’elle ; nous ne voulions pas qu’elle vende sa maison et nous refusions de l’envoyer dans une maison de retraite. Nous passions déjà toutes nos vacances chez elle depuis notre naissance, été comme hiver, donc Sea Ridge était notre deuxième maison.

— Il ne reste plus qu’un an de lycée, dit Maman.

Peut-être, mais avant la mort de Cal, j’avais ma vie en main. J’avais d’excellentes notes, j’étais heureuse. L’an dernier, exactement à l’endroit où je me trouve en ce moment, j’avais dit à Cal que je voulais devenir ichtyologiste, pour étudier des poissons comme les chimères, qui ont évolué il y a quatre cents millions d’années. On avait essayé de s’imaginer le monde à cette époque.

— J’ai l’impression que l’univers s’est foutu de Cal, et de nous avec lui, dis-je à Maman.

Avant, Maman m’aurait expliqué avec calme et logique que l’univers rassemblait toute la matière et l’espace existants : le système solaire, les étoiles, les planètes et les galaxies, qui s’étendaient sur dix milliards d’années-lumière de diamètre. Tout ça n’avait tout simplement pas la capacité de se foutre de qui que ce soit.

Ce soir, elle s’allume une cigarette.

— C’est le cas, dit-elle en soufflant sa fumée vers les étoiles. »

Le temps a passé et Cal s’est noyé quelques mois auparavant lors d’une de ses fréquentes baignades dans l’océan australien. Depuis cet événement tragique, Rachel et sa mère survivent péniblement, peinant à traverser leur deuil. Rachel a raté son année de terminale et sombre dans la déprime. Pour essayer de la sortir de sa léthargie et l’inviter à reprendre sa vie en main, sa tante l’invite dans son village natal. Rachel n’est pas à l’aise au début, elle a peur de revoir Henry et de réveiller les fantômes de son enfance avec son frère.

Les parents de Henry lui proposent alors un travail dans leur librairie d’occasion et elle accepte à contre-cœur, un peu forcée, car cela augmente ses chances de revoir son ancien meilleur ami. Leurs retrouvailles ne se font pas sans heurts : elle est taiseuse et agressive, lui ne comprend pas son silence de 3 ans (« Rachel range ses affaires et s’en va sans confirmer qu’elle sera bien là ce soir. Je lui fais un signe de la main par la vitrine alors qu’elle monte dans la voiture et elle me répond par un doigt d’honneur. »).

Rachel prend un long moment avant d’informer Henry de la mort de Cal, ce qui crée pas mal d’incompréhensions entre eux et certaines longueurs dans le récit. De son côté, Henry sort avec Amy, une jeune fille instable qui a subtilisé il y a 3 ans la déclaration d’amour de Rachel à Henry.

« Cher Henry,

Je laisse cette lettre à la page de « La chanson d’amour de J. Alfred Prufrock » parce que tu aimes ce poème et que moi, je t’aime. Je sais que tu es avec Amy, mais bordel… elle ne t’aime pas, Henry. En fait, elle n’aime qu’elle-même, ça, c’est certain. Et moi je t’aime. J’aime que tu dévores les livres, que tu préfères ceux d’occasion. J’aime pour ainsi dire tout chez toi, et je te connais depuis dix ans, ce n’est pas rien ! Je pars demain. S’il te plaît, appelle-moi quand tu trouveras cette lettre, même s’il est tard.

Rachel »

Le bleu de tes mots présente alternativement les points de vue de Rachel et Henry, entrecoupés de fragments de lettres et d’annotations dans les livres de la librairie, ce qui rend l’objet livre original. Si vous êtes amoureux des livres, vous apprécierez beaucoup la bibliothèque épistolaire de la librairie où les lecteurs laissent leurs traces à travers des notes, des surlignages, des annotations, des messages mais aussi très souvent des lettres coincées entre les pages par des lecteurs amoureux et rêveurs…

Le +

  • Le personnage en deuil de Rachel et la gentillesse naturelle de Henry sont très touchants.
  • Le fait que le récit soit bâti autour de l’univers des livres est délicieux pour les amoureux de lecture (de nombreux ouvrages sont cités).
  • Dans cette histoire est évoqué le pouvoir magique de la bibliothérapie. Un concept cher à mon cœur !

Le –

Le fait que Rachel explique tard à Henry son deuil fait piétiner l’intrigue, qui manque d’action et de suspense.

Le coin des profs

Le récit ne présente pas de difficulté de lecture et peut être une belle porte d’entrée pour aborder le deuil, les non-dits, la complexité de l’amitié amoureuse et les petites entreprises en difficulté.

Niveau de lecture

Intermédiaire

Genre

Récit réaliste

Mots clés

Amitié, amour, deuil, famille, librairies, livres d’occasion, non-dits, perte

Vous aimerez ce livre si vous avez aimé…

Les gens heureux lisent et boivent du café, Agnès Martin-Lugand

Infos pratiques

  • À partir de 13 ans
  • Pocket jeunesse
  • 284p.
  • 17,90€
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