Les révoltés d’Athènes (Mathilde Tournier)

Les révoltés d’Athènes (Mathilde Tournier)

Résumé de l’éditeur

Au 5e siècle avant J.C., au bout d’une guerre interminable, la puissante flotte d’Athènes est réduite en cendres par l’armée de Sparte. Rescapé du massacre, le bel Héraclios, citoyen de vingt-deux ans, rentre chez lui, au Pirée, où l’attendrent sa mère et sa sœur Myrto. La cité est méconnaissable : vide, paralysée par la faim, le froid, et bientôt assiégée par les Spartiates. Pour survivre, défendre les siens et protéger la démocratie de la tyranie des Trente, Héraclios est prêt à tout.

Mon avis

Le récit nous plonge dans la ville d’Athènes pendant une période agitée de l’Antiquité : les Spartes veulent récupérer la cité et les aristocrates qui la dirigent ne pensent qu’à leurs intérêts. Héraclios, un jeune citoyen d’Athènes, rentre de la guerre contre les Spartes et trouve une ville sans vie et affamée. Entouré de sa sœur et ses amis, il va lutter contre l’armée de Sparte et la tyrannie des Trente pour défendre la démocratie et la liberté. Il fera tout pour sauver Athènes.

Nous parcourons ici 7 ans environ en moins de 300 pages. Le roman nous explique bien comment fonctionnait la cité grecque avec ses différentes couches de la population. L’histoire fait prendre conscience de la fragilité de la démocratie face à la tyrannie. Mais c’est surtout avec le fil rouge de l’intrigue, autour de la tyrannie des Trente et de la lutte contre cette tyrannie, que ce livre entre en résonnance avec les remous qui agitent nos démocraties modernes…

Avec un style très contemporain, Mathilde Tournier nous fait vivre de façon vivante et accessible une période agitée de la cité grecque : entre les Spartes qui rêvent de mettre à sac la ville et les aristocrates de leur propre cité qui ne pensent qu’à leurs intérêts, le petit peuple a de quoi s’inquiéter pour survivre…

« Tout ce que me disait Etéoclès m’est apparu, je crois, encore plus effrayant que tous les fantasmes que j’avais pu avoir et entendre sur les Laconiens. Je ne sais pas si c’était leur principe d’obéir sans se poser de question ou le fait qu’ils avaient beau être libres, ils étaient aussi soumis à leur cité que des chiens à leur maître. »

Héraclios nous raconte son histoire à la première personne du singulier. On s’attache assez vite à lui et on le suit avec plaisir dans ses épreuves. Je dois avouer que je n’étais pas plus intéressée que ça par l’histoire, mais j’ai vite eu envie de connaître la suite grâce au suspense, à la dimension historique, mais aussi aux personnages réels comme Platon et Socrate qui ont été une belle surprise pour moi (l’histoire les a rendus vivants et imparfaits, j’ai beaucoup aimé !). Le récit suscite aussi une réflexion sur la fragilité de la liberté et les revers dans lesquels la démocratie peut tomber. C’est un roman historique qui est en réalité très actuel.

J’ai vraiment trouvé intéressant de plonger dans le quotidien passé de la ville : on a l’occasion de lire les votes lors de l’assemblée démocratique dans l’agora, le comportement des soldats en guerre, mais aussi le quotidien difficile des habitants du Pirée.

« À Athènes, tous les esclaves sont issus de prises de guerre ou achetés à des commerçants qui viennent d’Orient ; ce que je veux dire, c’est qu’aucun d’eux n’est originaire de l’Attique. Les Athéniens le plus pauvres crèvent de faim, volent, louent leur corps contre un bout de pain, mais ils ne peuvent pas être réduits en esclavage, personne ne l’aurait admis. »

Bref, un chouette roman historique !

Le +

Le récit plaira incontestablement aux amoureux de l’histoire vulgarisée.

Le –

  • Évoquer une période trouble de l’histoire qui dure 7 ans en moins de 300 pages a obligé l’autrice à survoler la caractérisation des personnages et placer plusieurs ellipses. Dommage…
  • Je pense qu’il aurait été intéressant que Mathilde Tournier détaille un peu plus le contexte politique qui a conduit Athènes à se retrouver dans une telle situation, même si l’on arrive à en comprendre quand même les enjeux, cela aurait pu être l’occasion d’ajouter un niveau de lecture au récit.
  • J’ai étudié le grec pendant 2 ans et j’avoue que j’ai parfois été un peu perdue avec certains noms de lieux et de personnages historiques. Je pense qu’une petite note explicative avec une carte géographique pourrait aider des lecteurs non initiés à mieux s’y retrouver dans l’histoire et ses enjeux.
  • Je trouve que l’image sur la couverture n’est pas très attractive…

Le coin des profs

Le récit intéressera évidemment les professeurs de grec et d’histoire, mais aussi ceux qui veulent aborder la question de la liberté et de la démocratie. C’est saisissant de voir tous les parallèles entre le fonctionnement de la démocratie dans l’Antiquité et à l’époque actuelle.

Niveau de lecture

Intermédiaire

Genre

Récit historique

Mots clés

Athènes, démocratie, esclavage, guerre, histoire, liberté, oligarchie, pauvreté, Sparte

Vous aimerez ce récit si vous avez aimé…

Le messager d’Athènes, Odile Weulersse

Infos pratiques

  • À partir de 15 ans
  • Scripto (Gallimard)
  • 237p.
  • 11,50€
Partager sur vos réseaux sociaux
Les commentaires sont clos.