L’histoire du garçon qui voulait vivre dans un bocal (Lisa Thompson)

L’histoire du garçon qui voulait vivre dans un bocal (Lisa Thompson)

Résumé de l’éditeur

Matthew a 10 + 3 ans (il déteste le chiffre 13). Il souffre de TOC, porte des gants en latex et ne mange que des plateaux-repas sous cellophane. Obsédé par les germes, il vit reclus dans sa chambre. Sa seule occupation : espionner les allées et venues des voisins. Jusqu’au jour où le petit Teddy, âgé de 15 mois, est porté disparu. Avec Melody, sa voisine rigolote et un peu pot de colle, Matthew va mener l’enquête… et s’aventurer dans le monde extérieur…

 

Mon avis

Depuis quelque temps, Matthew ne va plus à l’école et ne voit plus ses amis car ses TOC de propreté ont pris toute la place dans sa vie. Il passe son temps dans sa chambre à observer ses voisins par la fenêtre et à noter ses observations chiffrées dans un carnet.

« Ma chambre est le meilleur endroit de la maison. Mon sanctuaire. Mon refuge. Une pièce sans microbe. Dehors, c’est dangereux. Ce que les gens ne comprennent pas, c’est que là où il y a de la terre, il y a des microbes, et les microbes vous rendent malade, et la maladie vous tue. C’est évident quand on y pense. Pour moi, il faut que tout soit en ordre, et, dans ma chambre, j’ai le contrôle absolu. Il faut juste que je m’assure de tout bien surveiller.

Je passe tellement de temps dans ma chambre que j’en connais les moindres recoins. Par exemple :

  1. Le pied avant droit de la table de chevet est un peu penché.

  2. La peinture sous le rebord de ma fenêtre est écaillée : j’ai aggravé les choses en nettoyant.

  3. En haut, au-dessus de mon lit, un motif de papier peint, quand on le regarde sous un certain angle ressemble à un lion. »

L’origine des troubles de Matthew est un sentiment de culpabilité suite à la mort de son petit frère Callum, mais nous ne connaîtrons les détails qu’à la fin du récit.

« J’avais une boule dans le ventre, comme chaque fois que maman ou papa mentionnait Callum. La culpabilité me ronge comme un scarabée noir qui ramperait dans mes intestins.

Il y a des jours où j’ai envie de plonger la main dans mon ventre pour en arracher cet insecte. Je le jetterais au sol. Ses petites pattes se mettraient à s’agiter dans l’air, et je serais miraculeusement libéré de toutes mes peurs, libéré de ma culpabilité. Mais le scarabée reste là, endormi. Il guette le moment où je commencerai à me détendre et alors il se remettra à ramper.

Scritch. Scritch. Scritch.

Je frottai la moquette en l’aspergeant de produit désinfectant. Je jetai ensuite les gants dans la salle de bains et me lavai les mains. Onze fois. »

Le quotidien de Matthew est très répétitif et contrôlé, vous l’aurez compris. Un jour, il est à sa fenêtre et observe Teddy, son petit voisin de 15 mois, qui joue dans le jardin de son grand-père. Le lendemain, panique générale : Teddy a disparu. S’est-il perdu ? A-t-il été enlevé ? Qui sont les suspects ? Notre jeune héros est le dernier à avoir vu le petit garçon, il se sent obligé de partir à l’aventure pour résoudre l’enquête, surtout qu’il trouve des pistes en observant ses voisins. Il guidera sa voisine Melody depuis sa fenêtre pour qu’elle effectue des recherches, mais à un moment donné, il sera obligé de franchir les murs de sa chambre…

Il est intéressant de voir le héros poussé dans ses retranchements et forcé de sortir de sa zone de confort, ce qui est loin d’être facile pour lui. Malheureusement, affronter ses peurs n’est déjà pas facile en soi et ça l’est encore moins quand il est confronté à l’incompréhension de ses parents.

« Je me baissai lentement et, alors que mes doigts atteignaient la punaise froide, tout devint noir. […] Je me réveillai avec une compresse fraîche sur le front et les visages de la réceptionniste, de maman et d’une infirmière suspendus au-dessus de moi. Elles se demandaient s’il fallait m’emmener aux urgences, et moi, tout ce que j’avais envie de leur dire, c’était : « Écoutez, est-ce que quelqu’un pourrait remettre cette punaise à sa place sur l’affiche ? » On m’avait ôté mes gants alors que j’étais inconscient. Je dis à maman qu’on devait rentrer tout de suite à la maison. Elle répliqua qu’on verrait le docteur Kerr même si elle devait me traîner par les cheveux. […]

-Tu es un gentil garçon Matthew. Arrête donc de faire des histoires, tu veux bien ? Sois un bon gars. Il [son père] baissa à nouveau la tête et agita la main comme s’il chassait une guêpe importune. En un mot, j’étais congédié. »

Lisa Thompson nous offre ici un premier roman bien ficelé, même s’il y a des petites imperfections. Malgré la lourdeur du thème, il y a beaucoup d’humour grâce au caractère du héros. Nous apprivoisons les TOC avec douceur et justesse, sans jugement.

 

Le +

  • Matthew est un personnage très attachant, tout en retenue avec sa maladie lorsqu’il est en contact avec ses parents.
  • L’enquête policière apporte du suspense au récit, on veut savoir si Teddy va être retrouvé vivant.
  • On ne se sent pas alourdi par le thème, qui est traité avec justesse, sans basculer dans le sentimentalisme.

 

Le –

  • La raison de la culpabilité de Matthew relative à la mort de son frère est annoncée très tard (tout à la fin du récit).
  • Le comportement des parents est parfois interpellant : ils sont complices de la maladie de Matthew en acceptant qu’il n’aille pas à l’école et en lui donnant ses repas sous cellophane, mais ils lui demandent d’arrêter de faire des histoires. Leur inconscience de la gravité de la situation et le fait qu’ils n’essayent pas de comprendre leur fils ne me paraissent pas très crédible.

 

Le coin des profs

  • Ce roman est très intéressant pour découvrir à quel point les TOC peuvent être lourds à porter et handicapants au quotidien.
  • L’enquête policière sera appréciée par le jeune public.

 

Infos pratiques

  • À partir de 9 ans
  • Pocket jeunesse
  • 318p.
  • 19,40€
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