Missouri 1627 (Jenni Hendriks et Ted Caplan)

Missouri 1627 (Jenni Hendriks et Ted Caplan)

Résumé de l’éditeur

À 17 ans, Veronica a un avenir prometteur. Élève populaire et brillante, elle vient d’être admise dans une prestigieuse université et sa vie semble toute tracée. Pourtant, le jour où elle découvre qu’elle est enceinte, son monde s’écroule et toutes ses certitudes s’envolent. Elle n’est pas prête. Parfois, dans la vie, il y a des tests qu’on préfèrerait rater…

Sa seule solution : se rendre dans une clinique à 1 627 kilomètres de chez elle. Désespérée, elle se tourne vers son ex-meilleure amie, Bailey, punkette affranchie, la seule à qui elle peut demander de l’aide. Commence alors un périple à mille à l’heure sur les routes des États-Unis. Ces deux filles, que tout oppose, vont devoir affronter le monde et prendre leur destin en main. Des rebondissements en pagaille, un lexique de gros mots très créatif, une amitié mise à l’épreuve, un vent de liberté et bien plus encore…

Mon avis

Veronica a dix-sept ans et tout pour réussir : brillante, admise dans une université prestigieuse de l’Ivy League, un petit copain canon et populaire et des amies qui l’admirent, alors pas question de tout rater à cause d’un accident de préservatif. Dans une Amérique puritaine et conservatrice, elle doit trouver une solution discrète et efficace pour régler son problème de grossesse inopinée : il y a bien une clinique qui pratique les interruptions de grossesse tout près de chez elle, mais il lui faudrait l’autorisation de ses parents, ce qui est exclu. Veronica, que ses parents vont croire partie en week-end avec ses amies pour réviser les épreuves du bac, va se lancer dans un road trip à 1627 km de chez elle, pour aller dans une clinique à Albuquerque où l’avortement est possible sans autorisation parentale.

Elle met donc vite ses parents de côté, mais aussi ses amies, car la révélation risquerait de détruire le piédestal sur lequel parade la jeune fille. Alors, il reste Bailey, l’amie oubliée il y a quelques années, rebelle et désinvolte, un brin barjot et partante pour le road-trip qui les mènera le temps d’un week-end vers une clinique spécialisée. Loin d’être un parcours de santé, l’aventure est riche en rebondissements et de querelles qui les mèneront au bord de la rupture, avec une incertitude permanente quant à l’issue de l’affaire.

Nous voilà partis dans un road trip tendre et drôle avec un duo de personnages complètement opposés : Bailey ne fait pas dans la dentelle, elle prend des décisions (parfois bonnes, parfois mauvaises) et impose certaines clauses au contrat « transport » qu’elle conclut avec Veronica. Veronica, elle, surprend par son comportement et son audace, ce qui ajoute au récit beaucoup d’humour, des situations cocasses qui font passer d’excellents moments de lecture.

« J’efface son texto avec des doigts tremblants, puis je bloque son numéro. Bailey lorgne l’écran.

— Laisse-moi deviner. Tu as peur qu’il te largue s’il découvre le pot aux roses ?

— Ouais. C’est con, hein ?

— Moins con que de sortir avec lui.

— Tu le détestes parce qu’il est populaire.

— Tu délires.

— Je ne délire pas ! Il m’aime. En seconde, il m’a proposé de sortir avec lui tous les jours pendant un mois avant que j’accepte. Il m’envoyait des petits mots adorables. Un soir, il est carrément venu sous ma fenêtre.

— Ça s’appelle du harcèlement.

— C’était hyper romantique !

Je ne sais pas pourquoi je défends Kevin, alors que j’ai toujours envie de l’enfermer dans la chambre froide du restaurant. Probablement à cause de l’air suffisant de Bailey.

— Pour moi, ton Roméo devrait faire l’objet d’une injonction restrictive, insiste-t-elle. »

Mais ce roman n’est pas que cela, il constitue une belle critique de la société américaine avec ses contradictions et son puritanisme. Il y a beaucoup de moments tendres et de réflexions profondes qui invitent à la tolérance. 1627, c’est donc la distance que parcourront nos deux fuyardes et le roman est organisé en chapitres correspondant à la distance parcourue, ce qui transforme le lecteur en témoin de tous les événements, incidents voire accidents, moments de panique, désarrois et bonheurs de nos protagonistes. Tantôt les héroïnes s’affrontent, tantôt elles se soutiennent, rien n’est jamais simple et c’est toujours très vivant.

Ce que j’ai trouvé aussi intéressant dans le roman, c’est que le choix de Veronica d’avorter est pris au début du récit et n’est jamais mis en cause. On se doute d’ailleurs qu’elle va le faire à la fin, tout l’intérêt de l’histoire réside donc dans les aventures que vivent les héroïnes dans ce road trip mouvementé. Les auteurs mentionnent dans l’épilogue qu’ils ont voulu écrire un livre drôle sur l’avortement. Un pari réussi !

« Dans la vie, on a tous différentes sortes d’amis. Il y a tes meilleurs amis, ceux que tu côtoies par intérêt, tes amies de colonie de vacances, et bien sûr, tes amis junkies… Moi, je suis ton amie avortement.

Je suis le genre d’amie dont tu n’as pas besoin au quotidien, pour les virées shopping ou les week-ends entre filles. Mais quand vient le moment de purger ton placenta… Bam ! Tu appelles l’amie avortement. »

Le +

  • Un roman drôle et sensible sur l’avortement, ça fait du bien.
  • Le rythme du road trip est bien travaillé.
  • L’illustration sur la couverture est très sympa et reflète bien le contenu de l’histoire.

Le –

Les interventions érotomanes de Kevin dans le road trip, l’ex petit-ami de Veronica, ne m’ont pas paru très crédibles.

Le coin des profs

Le récit ne présente pas de difficultés de lecture et permet d’aborder la question de l’avortement et les préjugés religieux qui y sont associés.

Niveau de lecture

Débutant

Genre

Road trip

Mots clés

Amitié, amour, apparences, aventures, avortement, école, famille, grossesse inopinée, homosexualité, loi, road trip

Vous aimerez ce récit si vous avez aimé…

Nos mains en l’air, Coline Pierré

Infos pratiques

  • À partir de 15 ans
  • Bayard
  • 361p.
  • 15,90€
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