Mon cheval de bataille (Delphine Pessin)

Mon cheval de bataille (Delphine Pessin)

Résumé de l’éditeur

C’est un grand jour pour Arthur. Il assiste à un spectacle de voltige équestre, sa passion ! À sa grande surprise, l’un des chevaux sort du rang pour le saluer affectueusement. Ce qu’il ignore c’est que ce cheval est spécial et sait détecter les personnes malades. Quelques jours plus tard, tout bascule : Arthur fait un malaise…

Dans l’épreuve qui l’attend, le garçon pourra compter sur sa grande sœur. Pour mieux livrer bataille, elle a même quelques idées un peu folles…

Mon avis

Arthur, 10 ans, mène une vie paisible dans sa famille avec un père ingénieur en sécurité informatique et une mère professeure de mathématiques ; il a une sœur adolescente, Viviane, avec qui il se dispute souvent, et des amis avec qui il partage sa passion pour les chevaux. Il attire justement l’attention d’un cheval lors d’un spectacle équestre, Zahir, qui a un pouvoir particulier : il sent la maladie des hommes avant même que celle-ci ne soit diagnostiquée. Quelques jours plus tard, Arthur a un malaise et apprend qu’il a une leucémie, la famille est alors mise à rude épreuve… Viviane rencontre de son côté un camarade de classe, Solal, qui va la soutenir durant cette période difficile.

L’autrice nous propose un roman à deux voix sur la leucémie de l’enfant et nous suivons le jeune héros de l’histoire, un pré-adolescent charmant et touchant, qui apprend le diagnostic de son cancer et subit plusieurs cures de chimiothérapie à l’hôpital entrecoupées de séjours dans la maison familiale. Les choses ne sont pas simples entre le bouleversement de l’annonce du diagnostic, la rupture dans l’organisation de la vie familiale autour de la maladie d’Arthur, la peur de la mort omniprésente, l’épuisement de la mère et Viviane, tellement en colère qu’elle est toujours prête à l’affrontement. Delphine Pessin s’attache à montrer chaque étape de la maladie avec ses moments de souffrances, de peines mais aussi d’espoirs. L’alternance des deux voix entre un jeune garçon malade et une adolescente en pleine rébellion rythme bien le récit et tient le lecteur en haleine.

Outre que le récit traite de la maladie avec une grande sensibilité et une certaine dose d’humour, j’ai beaucoup aimé entendre la voix d’Arthur, qui est parfois découragé par la douleur physique provoquée par la chimio, mais aussi par la souffrance de Viviane, qui ne comprend pas pourquoi son petit frère est tombé malade, elle se sent impuissante quand il se laisse mourir et est complètement mise de côté par ses parents au profit de son frère malade. Elle doit faire face à des responsabilités supplémentaires et se sent très seule. Elle a le sentiment de ne plus exister pour ses parents, surtout pour sa mère qui se consacre entièrement à son fils. C’est hyper touchant sans pour autant être larmoyant. La maladie est bien expliquée sans que ce soit trop technique ou trop difficile et on peut bien palper la systémique familiale qui se joue pendant cette maladie.

« Depuis qu’Arthur a son cancer, j’ai remarqué que les gens se divisent en deux catégories : Il y a ceux qui comme Lili, prennent des nouvelles tout en cherchant à être rassurés. Ils ne savent pas comment témoigner leur amitié, appellent tout le temps, mais sont aussi très mal à l’aise sur le sujet. Les autres, qu’on croyait être des amis, se contentent de vous envoyer un texto ou deux, puis très vite c’est silence radio. Comme si au fil des mois, ils avaient oublié jusqu’à votre existence. »
 

J’ai apprécié que Viviane fasse des blagues foireuses, pleines d’humour noir face à son frère, car elles permettent de voir l’état d’esprit réel d’Arthur. J’ai aimé aussi que le médecin et les infirmiers prennent le parti de dire la vérité au patient, à ses proches, même si elle n’est pas facile à entendre. Tout peut être dit, même la pire nouvelle, comme celle qu’apprend Arthur, le tout est de prendre le temps de le faire de la bonne façon. Contre toute attente, Viviane va réussir à transformer sa colère pour tenter de redonner l’espoir à son frère quand il se laisse aller par le désespoir. J’ai beaucoup aimé ce personnage, parce qu’elle est celle que tous ou presque oublient, celle avec qui certains ne savent plus comment se comporter, celle aussi qui voit ses amis qui « oublient » de prendre des nouvelles. Cette épreuve révèle qu’elle est prête à se battre aussi, parce que le combat contre le cancer ne se gagne pas seul, un combat de longue haleine dans lequel tout compte, même les soutiens les plus inattendus.

Un roman très touchant !

Le +

  • J’ai aimé l’authenticité avec laquelle la maladie est traitée : je ne savais pas que les effets d’une 1ère chimio étaient si forts et je n’imaginais pas à quel point un enfant peut se sentir seul face à l’épuisement physique et l’impuissance des parents constamment au bord des larmes.
  • J’ai aimé la force de Viviane, qui est la 1ère à sentir que son frère se laisse mourir et qui n’hésite pas à sortir de sa zone de confort pour tenter de redonner le goût de la vie à son petit frère.

Le –

Je trouve que le titre du récit et le résumé sur la 4e de couverture ne reflètent pas le contenu réel de l’histoire.

Le coin des profs

Le récit ne présente pas de difficulté de lecture et peut être une belle porte d’entrée pour aborder la maladie chez l’enfant et la solitude de la fratrie en bonne santé.

Niveau de lecture

Débutant

Genre

Drame

Mots clés

Amitié, amour, chevaux, colère, désespoir, famille, hôpital, leucémie, maladie, peur de la mort, solitude

Vous aimerez ce récit si vous avez aimé…

Ma mère, le crabe et moi, Anne Percin

Infos pratiques

  • À partir de 13 ans
  • Didier jeunesse
  • 203p.
  • 15,90€
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