Passe le train (Dina Kathelyn)
Dans ce roman de Dina Kathelyn, nous sommes plongés dans la vie d’Élodie, une jeune femme légèrement complexée et renfermée, qui ne se sent exister qu’à travers le regard de l’autre et qui n’arrive pas à se faire respecter parce qu’elle ne se respecte pas elle-même. Nous la suivons dans une tranche de vie d’une trentaine d’années. Une trentaine d’années où nous lisons sa vie professionnelle et familiale en filigrane et où sa vie amoureuse est au premier plan.
Nous découvrons au début du récit une Élodie enfermée dans un mariage de convenance qui va se jeter dans une passion dévorante avec Alexandre, un photographe renommé et impressionnant. De cette union naîtront deux enfants qui créeront peu à peu une distance entre la mère et le père, entre la femme et l’homme, qui deviendra de plus en plus jaloux et volage.
Notre héroïne est une femme clairvoyante, elle sait qu’elle se laisse éteindre par les hommes pour combler la solitude et le manque d’amour de son enfance, mais elle reste sous le joug de son inconscient, en attente peut-être d’un changement favorable ou de miettes d’amour… Traversée en permanence par des doutes et des questionnements, elle avance vaille que vaille, cherchant sa résilience à travers une relation passionnelle avec un beau Romain de 25 ans son cadet ou d’un pianiste aux fantômes et intolérances bien encombrants. Elle prend alors conscience qu’elle change de partenaire et de circonstances, mais qu’elle ne change pas. Pire, elle devient par mesure de protection une inconnue pour elle-même, quelqu’un qu’elle ne voulait pas devenir. Que faire pour enrayer cette répétition douloureuse ?
Je réalisais le vide que j’avais laissé se créer autour de moi ces dernières années. Pire encore, je prenais conscience que pour moins souffrir j’avais diminué la distance qui me séparait de Mathieu. Devenant critiquante pour supporter ses critiques, intolérante pour vivre avec son intolérance, injuste pour accepter son injustice, je n’invitais plus pour ne pas souffrir de ses refus d’inviter, m’éloignant de mes enfants comme il s’était éloigné des siens. […] Qui comprendrait ce que je ne comprenais pas moi-même ? Pourquoi pleurer cet homme que je refusais dans ma vie ? Pourquoi, brusquement, cette solitude à laquelle j’aspirais me semblait-elle dénuée de sens ?
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